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La dépression ne serait pas due au déficit de sérotonine ciblé par les antidépresseurs finalement

Après des décennies d’études, rien ne prouve encore qu’un déséquilibre de la sérotonine soit responsable de la dépression, estiment les auteurs d’une analyse publiée en juillet 2022 dans la revue Molecular Psychiatry.

Joanna Moncrieff, professeur de psychiatrie à l’University College London, et ses collègues (1) ont réalisé une revue générale des méta-analyses et des revues systématiques existantes de la littérature scientifique.

« La plupart des antidépresseurs sont des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), dont on disait à l’origine qu’ils agissaient en corrigeant les niveaux anormalement bas de sérotonine. Il n’existe aucun autre mécanisme pharmacologique reconnu par lequel les antidépresseurs agissent sur les symptômes de la dépression ».

« Il est toujours difficile de prouver un point négatif, mais je pense que nous pouvons affirmer sans risque qu’après un grand nombre de recherches menées sur plusieurs décennies, il n’existe aucune preuve convaincante que la dépression est causée par des anomalies de la sérotonine, en particulier par des niveaux inférieurs ou une activité réduite », estime la chercheuse.

« La popularité de la théorie du “déséquilibre chimique” de la dépression a coïncidé avec une augmentation considérable de l’utilisation des antidépresseurs. Les prescriptions d’antidépresseurs ont augmenté de façon spectaculaire depuis les années 1990, un adulte sur six en Angleterre et 2 % des adolescents se voyant désormais prescrire un antidépresseur au cours d’une année donnée », rapporte le communiqué des chercheurs.

Les recherches qui ont comparé les taux de sérotonine et de ses produits de dégradation dans le sang ou les liquides cérébraux n’ont pas mis en évidence de différence entre les personnes ayant reçu un diagnostic de dépression et les participants témoins en bonne santé.

De très grandes études portant sur des dizaines de milliers de patients ont examiné la variation des gènes, notamment le gène du transporteur de la sérotonine. Elles n’ont trouvé aucune différence dans ces gènes entre les personnes souffrant de dépression et les témoins sains. Ces études se sont également penchées sur les effets des événements stressants de la vie et ont montré que ceux-ci avaient une forte incidence sur le risque de dépression : plus une personne avait vécu d’événements stressants, plus elle était susceptible d’être déprimée.

L’ensemble de ces résultats a conduit les auteurs à conclure que « rien ne vient étayer l’hypothèse selon laquelle la dépression est causée par une baisse de l’activité ou des concentrations de sérotonine ».

Des études montrent que 85 à 90 % du public croit que la dépression est causée par de faibles niveaux de sérotonine ou un déséquilibre chimique. Alors « qu’un nombre croissant de scientifiques et d’organismes professionnels reconnaissent que le cadre du déséquilibre chimique est une simplification excessive. Il est également prouvé que le fait de croire que l’humeur dépressive est causée par un déséquilibre chimique conduit les gens à avoir une vision pessimiste de la probabilité de guérison et de la possibilité de gérer les humeurs sans aide médicale », soulignent les auteurs. (S’épanouir après un trouble dépressif, anxieux, bipolaire ou autre)

Les auteurs ont également trouvé des preuves dans une grande méta-analyse que les personnes qui utilisaient des antidépresseurs avaient des niveaux plus faibles de sérotonine dans le sang. Ils ont conclu que certaines preuves étaient compatibles avec la possibilité que l’utilisation à long terme d’antidépresseurs réduise les concentrations de sérotonine. Cela pourrait impliquer que l’augmentation de la sérotonine que certains antidépresseurs produisent à court terme pourrait entraîner des changements compensatoires dans le cerveau qui produisent l’effet inverse à long terme.

Bien que l’étude n’ait pas examiné l’efficacité des antidépresseurs, les auteurs encouragent la poursuite des recherches et des conseils sur les traitements qui pourraient plutôt se concentrer sur la gestion des événements stressants ou traumatisants dans la vie des gens, comme la psychothérapie, parallèlement à d’autres pratiques telles que l’activité physique ou la pleine conscience, ou la prise en compte des facteurs sous-jacents tels que la pauvreté, le stress et la solitude.

« Nous pensons qu’il ne faut pas dire aux patients que la dépression est causée par un faible niveau de sérotonine ou par un déséquilibre chimique, et qu’il ne faut pas leur faire croire que les antidépresseurs agissent en ciblant ces anomalies non prouvées », a déclaré la chercheuse. « Nous ne comprenons pas exactement ce que les antidépresseurs font au cerveau, et le fait de donner ce genre d’informations erronées aux gens les empêche de prendre une décision éclairée sur la prise ou non d’antidépresseurs. »

« Au cours de ma formation en psychiatrie, on m’avait enseigné que la dépression était causée par un faible niveau de sérotonine et je l’ai même enseigné aux étudiants dans mes propres cours », rapporte Mark A. Horowitz, coauteur. « Participer à cette recherche m’a ouvert les yeux et j’ai l’impression que tout ce que je croyais savoir a été bouleversé. »

« Un aspect intéressant des études que nous avons examinées était l’importance de l’influence des événements de la vie sur la dépression, ce qui suggère que l’humeur dépressive est une réaction à la vie des gens et ne peut pas être réduite à une simple équation chimique. »

« Des milliers de personnes souffrent des effets secondaires des antidépresseurs, y compris les graves effets de sevrage qui peuvent survenir lorsque les gens essaient d’arrêter de les prendre, et pourtant les taux de prescription continuent d’augmenter », souligne Joanna Moncrieff. « Nous pensons que cette situation est due en partie à la fausse croyance selon laquelle la dépression est due à un déséquilibre chimique. Il est grand temps d’informer le public que cette croyance n’est pas fondée sur des bases scientifiques. » (Arrêt et sevrage des antidépresseurs : actualités)

Les chercheurs rappellent que toute personne qui envisage de se sevrer des antidépresseurs doit demander l’avis d’un professionnel de la santé, étant donné le risque d’effets indésirables après le sevrage. Le professeur Moncrieff et le docteur Mark A. Horowitz mènent actuellement des recherches sur la meilleure façon d’arrêter progressivement la prise d’antidépresseurs.

(1) Ruth E. Cooper, Tom Stockmann, Simone Amendola, Michael P. Hengartner, Mark A. Horowitz.

Dépression : le rôle du système immunitaire pointe vers de nouveaux traitements

Les recherches suggèrent de plus en plus un lien entre l’inflammation, qui est une activité du système immunitaire, et la dépression. Ces travaux s’insèrent dans une nouvelle discipline : la psycho-neuro-immunologie ou immuno-psychiatrie.

Alors qu’environ 30 % des personnes souffrant de dépression ne connaissent pas d’amélioration de leur état avec les antidépresseurs, l’inflammation constitue une cible de traitement prometteuse.

Mais les résultats des essais de médicaments anti-inflammatoires pour le traitement de ce trouble de l’humeur sont contradictoires.

Des chercheurs, font l’hypothèse que cela peut être attribué aux effets spécifiques de l’inflammation sur différents symptômes de dépression.

Philipp Frank et ses collègues des universités College London (Royaume-Uni) et de Helsinki (Finlande) ont exploré les associations entre l’inflammation systémique et les symptômes de dépression en analysant les résultats de 15 études menées avec un total de 56 351 personnes.

Les concentrations sanguines de marqueurs d’inflammation, la protéine C-réactive (CRP) et l’interleukine-6 (IL-6), étaient mesurées et 24 symptômes de dépression étaient évalués.

Des concentrations plus élevées de CRP étaient en forte association avec un risque accru de présenter :

  • quatre symptômes physiques (changements d’appétit, sensation que tout est un effort, perte d’énergie, problèmes de sommeil) ;

  • un symptôme cognitif (peu d’intérêt pour faire des choses).

Comment l’inflammation chronique affecte la motivation et l’énergie

Les données ne montrent pas d’association avec l’inflammation pour :

  • quatre symptômes émotionnels (être dérangé par des choses, être désespéré par l’avenir, avoir peur, penser que la vie a été un échec)

« Ces résultats suggèrent des effets spécifiques aux symptômes plutôt que des effets généralisés de l’inflammation systémique sur la dépression », concluent les chercheurs.

Les futurs essais explorant les traitements anti-inflammatoires de la dépression pourraient bénéficier du ciblage des individus présentant des profils de symptômes caractérisés par des symptômes physiques et cognitifs liés à l’inflammation.

Dans un article publié le 6 décembre 2021 sur le site The Conversation, des chercheurs français du CNRS et de l’INSERM décrivent des mécanismes par lesquels l’inflammation peut causer la dépression. Ces mécanismes expliquent aussi pourquoi des épisodes de dépression peuvent être liés à un risque accru de maladie d’Alzheimer plus tard dans la vie.

Une inflammation systémique peut notamment être induite par l’alimentation. La psychiatrie nutritionnelle, qui constitue un champ de recherche en émergence, vise à intégrer des interventions alimentaires aux traitements. (Dépression : 9 façons dont l’alimentation influence le risque et les symptômes)

Pour plus d’informations sur les liens entre l’inflammation et la dépression, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec source : The American Journal of Psychiatry.
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Les champignons seraient bénéfiques contre la dépression

Les champignons pourraient être bénéfiques pour la santé mentale, suggère une étude publiée en novembre 2021 dans le Journal of Affective Disorders.

Étant donné que « les champignons contiennent de nombreux composés bioactifs qui peuvent être associés à une réduction de l’anxiété, notamment la vitamine B12, le facteur de croissance nerveuse, les antioxydants et les agents anti-inflammatoires », les chercheurs ont émis l’hypothèse que leur consommation pouvait être associée à un risque réduit de dépression.

Djibril Ba du Penn State College of Medicine et ses collègues ont analysé des données sur l’alimentation et la santé mentale de 24 699 personnes aux États-Unis entre 2005 et 2016.

La dépression était évaluée au moyen du Questionnaire sur la santé du patient (PHQ-9) (test sur Psychomédia).

Parmi les participants, 5,9 % rencontraient les critères diagnostiques de la dépression. Les champignons étaient consommés par 5,2 % des participants.

Chez ceux qui mangeaient des champignons, le risque de dépression était réduit de 43 %.

L’association était constatée après avoir pris en compte les données sociodémographiques, les principaux facteurs de risque, les maladies déclarées, les médicaments et d’autres facteurs alimentaires.

Les champignons contiennent de l’ergothionéine, un antioxydant qui peut protéger contre les dommages cellulaires et tissulaires dans le corps, indiquent les chercheurs. Des études ont montré que les antioxydants contribuent à prévenir plusieurs maladies mentales, telles que la schizophrénie, le trouble bipolaire et la dépression, ajoutent-ils.

« Les champignons sont la source alimentaire la plus élevée d’acide aminé ergothionéine, un anti-inflammatoire qui ne peut être synthétisé par l’humain », explique Djibril Ba. « Des niveaux élevés pourraient réduire le risque de stress oxydatif, ce qui pourrait également réduire les symptômes de dépression. »

« Les champignons de Paris, qui sont la variété la plus consommée aux États-Unis, contiennent du potassium, qui est censé réduire l’anxiété. Certaines autres espèces, notamment Hericium erinaceus, également connu sous le nom de crinière de lion, peuvent stimuler l’expression de facteurs neurotrophiques tels que la synthèse du facteur de croissance nerveuse, ce qui pourrait avoir un impact sur la prévention des troubles neuropsychiatriques, dont la dépression », précise le communiqué des chercheurs.

« L’étude ajoute à la liste croissante des bénéfices possibles de la consommation de champignons pour la santé », souligne Joshua Muscat, chercheur au Penn State Cancer Institute et professeur de sciences de la santé publique. Des études ont montré que les champignons réduisent les risques de cancer et de décès prématuré, mentionne le communiqué.

Comment le sucre peut influencer l’humeur et la dépression

La consommation de sucres ajoutés peut déclencher des processus métaboliques, inflammatoires et neurobiologiques liés à une baisse de l’humeur et à la dépression, selon une étude menée par des chercheurs en psychologie clinique de l’Université du Kansas, publiée dans la revue Medical Hypotheses.

Combinée à la diminution de la lumière en hiver, une consommation élevée de sucre pourrait résulter en une « tempête parfaite » qui affecterait la santé mentale, soulignent les chercheurs.

« Pour de nombreuses personnes, une exposition réduite à la lumière du soleil pendant l’hiver perturbe les rythmes circadiens. Ce qui mène 5 à 10 % de la population à un épisode complet de dépression clinique », souligne Stephen Ilardi, professeur de psychologie clinique. (Qu’est-ce que la dépression clinique [ou majeure] légère, modérée et sévère ?)

Ces symptômes de dépression saisonnière pourraient inciter les gens à consommer plus de sucreries. « L’une des caractéristiques fréquentes de la dépression hivernale est un goût irrésistible pour le sucre », précise-t-il. « Ainsi, jusqu’à 30 % de la population souffre d’au moins certains symptômes de dépression hivernale, ce qui les pousse à avoir envie de glucides – et ils sont notamment constamment confrontés aux sucreries lors de la période des fêtes. »

Il peut être particulièrement difficile d’éviter les sucres ajoutés parce qu’ils procurent, dans un premier temps, une stimulation de l’humeur, souligne-t-il.

« Quand nous consommons des bonbons, ils agissent comme des drogues », ajoute-t-il. « Ils ont un effet immédiat d’élévation de l’humeur, mais à fortes doses, ils peuvent aussi avoir un effet paradoxal et pernicieux à long terme : celui d’abaisser l’humeur, réduire le bien-être, augmenter l’inflammation et provoquer une prise de poids. »

Ilardi et ses collègues ont analysé les études scientifiques, incluant des études de grandes cohortes, portant sur les effets physiologiques et psychologiques de la consommation de sucre ajouté.

Bon nombre de ces effets sont particulièrement importants pour l’apparition et le maintien de la dépression, notamment l’inflammation systémique, la perturbation du microbiote intestinal, la signalisation dopaminergique perturbée, la résistance à l’insuline, le stress oxydatif et la production de substances toxiques de glycation avancée (AGEs).

L’inflammation

L’inflammation est l’effet physiologique le plus important en lien avec la santé mentale et les troubles dépressifs.

Une grande proportion des personnes souffrant de dépression, environ la moitié, présentent des niveaux élevés d’inflammation systémique, indique le chercheur. « Nous savons que les hormones inflammatoires peuvent directement entraîner un état de dépression sévère dans le cerveau. Ainsi, un cerveau enflammé est typiquement un cerveau déprimé. Et les sucres ajoutés ont un effet pro-inflammatoire sur le corps et le cerveau. » (Médicaments anti-inflammatoires pour le traitement de la dépression : qu’en disent les études ?)

Le microbiote

L’impact du sucre sur le microbiote est aussi un facteur potentiel de la dépression.

Certaines espèces microbiennes ont des effets bénéfiques sur le cerveau et d’autres ont des effets négatifs, favorisant les états d’anxiété, de stress et de dépression. Certaines espèces ont aussi des effets très inflammatoires. (Sérotonine et microbiote : comment l’alimentation peut affecter l’humeur)

Recommandations alimentaires

Le chercheur recommande une alimentation peu transformée, riche en aliments d’origine végétale et en oméga-3 pour un bénéfice psychologique optimal.

En ce qui concerne le sucre, il recommande la prudence. « Il n’existe pas d’approche générale pour prédire exactement comment le corps d’une personne réagira à un aliment donné, quelle que soit la dose », souligne le chercheur. « Comme ligne directrice conservatrice, d’après l’état actuel de nos connaissances, il pourrait y avoir un certain risque associé à une forte dose de sucre – probablement toute quantité au-dessus de la ligne directrice de l’American Heart Association, qui est de 25 grammes de sucre ajouté par jour. » (Sucre : la quantité conseillée par l’OMS est très vite dépassée)

Pour plus d’informations sur la dépression et sur l’alimentation et dépression, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : University of Kansas, Medical Hypotheses.
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Les oméga-3 contre la dépression et l’anxiété ? Analyse financée par l’OMS

Il y a une forte croyance que les gras oméga-3 dits à longue chaîne (ceux qui proviennent des poissons) préviennent et réduisent les symptômes de dépression et d’anxiété, soulignent les auteurs d’une revue systématique de la littérature scientifique sur le sujet, publiée en novembre dans le British Journal of Psychiatry.

Alors que la consommation de compléments d’oméga-3 est largement encouragée pour cette raison, l’analyse montre qu’ils n’apportent pas de bénéfice.

Lee Hooper de l’University of East Anglia et ses collègues ont analysé les résultats de 31 essais randomisés incluant un total de plus de 41 470 participants souffrant ou non de dépression ou d’anxiété. Ils étaient assignés au hasard à consommer plus de gras oméga-3 à longue chaîne (huiles de poisson) ou à maintenir leur consommation habituelle pendant au moins six mois.

L’analyse montre que les compléments avaient peu ou pas d’effet sur la prévention des symptômes de dépression ou d’anxiété.

« Nos recherches précédentes avaient déjà montré que les suppléments d’oméga-3 à longue chaîne, dont les huiles de poisson, ne protègent pas contre les maladies du cœur, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète ou le décès », indique le chercheur. (Santé cardiovasculaire : les compléments d’oméga-3 comparés à un placebo dans une grande étude)

« Les études les plus fiables ont toujours montré que les acides gras oméga-3 à longue chaîne avaient peu ou pas d’effet sur la dépression ou l’anxiété, et qu’ils ne devraient pas être encouragés comme traitement. »

« Le poisson gras peut être un aliment très nutritif dans le cadre d’une alimentation équilibrée », souligne Katherine Deane, coauteure. « Mais nous avons constaté qu’il n’y a aucune valeur démontrée chez les personnes qui prennent des compléments d’huile oméga 3 pour la prévention ou le traitement de la dépression et de l’anxiété. »

« Compte tenu des préoccupations environnementales liées à la pêche industrielle et de son impact sur les stocks de poissons et la pollution plastique dans les océans, il semble inutile de continuer à avaler des comprimés d’huile de poisson qui n’apportent aucun bénéfice. »

L’étude a été financée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Pour plus d’informations sur la dépression et sur l’alimentation et la dépression, voyez les liens plus bas.

Voyez également :

Psychomédia avec sources : University of East Anglia, British Journal of Psychiatry.
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Dépression : la luminothérapie comparée aux antidépresseurs

La luminothérapie serait aussi efficace que les antidépresseurs dans le traitement de la dépression, selon une étude française publiée en décembre 2019 dans la revue Sleep Medicine Reviews.

La luminothérapie consiste à s’exposer, pendant 30 minutes, à une lumière d’une intensité de 10  000 lux diffusée par une lampe de luminothérapie.

Bien qu’il ait été démontré qu’elle est efficace dans le traitement de la dépression saisonnière et de la dépression non saisonnière, la luminothérapie est sous-utilisée dans la pratique clinique et les antidépresseurs demeurent à ce jour le traitement de première intention habituel, soulignent les chercheurs.

Pierre A.Geoffroy, professeur de psychiatrie à l’Université Paris Diderot, et ses collègues (1) ont réalisé une revue systématique et une méta-analyse des essais contrôlés randomisés comparant directement la luminothérapie et les antidépresseurs ou la combinaison de ces deux traitements.

Au total, ces essais randomisés incluaient 397 participants de sept populations indépendantes qui avaient un diagnostic d’épisode dépressif majeur de sévérité modérée à grave. La durée médiane de l’intervention était de 5 semaines (2 à 8 semaines). (Qu’est-ce que la dépression majeure légère, modérée et sévère ?)

L’efficacité de la luminothérapie et des antidépresseurs était la même. L’efficacité de la combinaison de ces deux traitements était supérieure à celle des antidépresseurs seuls. Cette supériorité était confirmée dans le sous-groupe de participants souffrant de dépression non saisonnière.

Ces résultats étaient semblables à travers les sept études incluses dans les analyses.

« Aucune différence n’a été observée entre la luminothérapie et les antidépresseurs, avec une nette supériorité de l’association, de sorte que la luminothérapie en monothérapie et l’association peuvent être proposées comme traitement de première ligne pour la dépression saisonnière et la dépression non saisonnière », concluent les chercheurs.

« Par précaution, il est préférable d’envisager une luminothérapie en accord avec son médecin, d’être prudent en cas de trouble bipolaire et de choisir un appareil avec marquage CE classé dispositif médical », indique le chercheur, relayé par Le Temps. Les indications du fabricant doivent être suivies, notamment en matière de distance par rapport à l’appareil (en général de 30 à 80 cm). Des recherches sont encore nécessaires, précise le chercheur, notamment pour mieux évaluer les effets à long terme, mal connus, et déterminer les modalités optimales d’utilisation.

Pour plus d’informations sur la dépression, la dépression saisonnière et la luminothérapie, voyez les liens plus bas.

(1) Carmen M.Schroder, EveReynaud, PatriceBourgin.

Psychomédia avec sources : Sleep Medicine Reviews, Le Temps.
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Dépression : l’aspirine et l’ibuprofène sont plus efficaces que les anti-dépresseurs

Dépression : l’aspirine et l’ibuprofène sont plus efficaces que les anti-dépresseurs

Vendredi 1er novembre 2019.

Des chercheurs chinois viennent de faire une importante découverte. Pour soigner la dépression, l’aspirine et l’ibuprofène seraient plus efficaces que les anti-dépresseurs. De l’espoir pour les personnes affectées par cette maladie.

L’aspirine et l’ibuprofène sont plus efficaces que les anti-dépresseurs

Alors que nous rentrons dans la période de la déprime saisonnière liée à la baisse de luminosité pendant la période automnale, des chercheurs de l’université de Wuan (Chine) viennent de publier une étude portant sur la dépression. Leurs travaux ont été réalisés à partir de trente études menées auprès de 1.610 patients et ont été publiés dans le Journal of Neurology.

Selon les scientifiques chinois, certains antalgiques ont des effets bénéfiques sur le traitement de la dépression. Ils seraient même 2,5 fois plus efficaces que les anti-dépresseurs. Il s’agit, entre autres, de l’aspirine et de l’ibuprofène, des médicaments très courants et vendus en vente libre dans les pharmacies en France. Les statines, les acides gras oméga-3 ou les corticostéroïdes obtiendraient aussi des résultats probants.

Plus de 300 millions de personnes souffrent de dépression

« Notre revue systématique et notre méta-analyse suggèrent que les anti-inflammatoires exercent un effet antidépresseur dans le traitement du TDM et qu’ils sont généralement sans danger avec des taux d’effets indésirables similaires à ceux du placebo. Cependant, en raison de l’évolution chronique de la maladie, la qualité de vie et les effets indésirables doivent faire l’objet d’études approfondies dans le cadre d’essais cliniques randomisés de haute qualité avec un suivi à long terme » peut-on lire sur le site Top Santé.

Une découverte majeure, d’autant plus qu’un patient sur dix ne parvient pas à se faire soigner avec des anti-dépresseurs. Pour rappel, selon l’OMS, plus de 300 millions de personnes souffrent de dépression. Une maladie en constante augmentation qui est la première cause de morbidité et d’incapacité dans le monde.

Perrine Deurot-Bien

À lire aussi : Est-ce une déprime passagère ou une dépression ?

 

Les Nouvelles de PasseportSanté.net

Quel bien-être 10 ans après une dépression ?

Est-il possible de connaître un « bien-être optimal » et s’épanouir après une dépression majeure (ou clinique) ?

Une étude américaine publiée en février 2019 dans la revue Clinical Psychological Science a examiné le bien-être chez des personnes en dépression suivies pendant 10 ans.

En épidémiologie, la dépression est généralement considérée comme un état récurrent dont le pronostic est plutôt sombre, soulignent les auteurs.

« Alors que la pratique clinique actuelle met l’accent sur la réduction des symptômes et du stress, les données probantes indiquent que les patients accordent la priorité à d’autres mesures du bien-être. » (Rétabli(e) d’une dépression ? La réponse des patients n’est pas celle des médecins)

Pour estimer la prévalence du bien-être et de l’épanouissement après une dépression, Jonathan Rottenberg, professeur de psychologie à l’University of South Florida, et ses collègues (1) ont analysé les résultats d’une étude menée avec un échantillon représentatif des personnes d’âge moyen de la population américaine. Parmi les participants, 239 rencontraient les critères diagnostiques de la dépression majeure au début de l’étude.

Neuf facettes du bien-être étaient évaluées : le sentiment d’autonomie, la maîtrise de l’environnement, la croissance personnelle, les relations positives avec les autres, le sens à la vie et les buts, l’acceptation de soi, la satisfaction par rapport à la vie et les affects positifs et négatifs. (Plus d’informations ici)

Après 10 ans, environ la moitié n’avaient plus de symptômes de dépression (48,5 %). L’autre moitié avaient connu un épisode de dépression dans la dernière année ou rapportaient des symptômes résiduels.

Une personne sur cinq qui était déprimée au début de l’étude et qui ne rapportait aucun symptôme de dépression au moment du suivi répondait aux critères de l’épanouissement.

Une personne sur 10 qui était déprimée au début de l’étude connaissait un « bien-être » optimal, c’est-à-dire que ses résultats étaient aussi élevés que le quart (25 %) de la population générale obtenant les meilleurs résultats aux 9 mesures de bien-être.

Pour plus d’informations sur la dépression et le bien-être, voyez les liens plus bas.

Stress, anxiété, dépression : demain est un autre jour, si la qualité du sommeil le permet

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Des chercheurs néerlandais « ont découvert pourquoi nous pouvons mieux, le lendemain, supporter ce qui nous afflige aujourd’hui. Et pourquoi cela peut échouer. »

Sirène du cerveau

« Quelque chose d’effrayant ou de désagréable ne passe pas inaperçu. Dans le cerveau, le circuit limbique devient immédiatement actif. D’abord et avant tout, de telles expériences activent l’amygdale. Ce noyau de cellules cérébrales situé profondément dans le cerveau peut être considéré comme la sirène cérébrale : attention ! Pour que le cerveau fonctionne correctement, la sirène doit également s’arrêter. Pour cela, un sommeil paradoxal réparateur, la phase du sommeil durant laquelle les rêves sont les plus vivides, s’avère indispensable. »

Les bons dormeurs

Rick Wassing de l’Institut néerlandais des neurosciences et ses collègues « ont placé des volontaires dans un scanner IRM le soir et leur ont présenté une odeur spécifique pendant une expérience visant à les perturber. Les scans ont montré comment l’amygdale est devenue active. Les participants ont ensuite passé la nuit dans le laboratoire du sommeil, tandis que l’activité de leur cerveau endormi était mesurée à l’aide de l’EEG, et que l’odeur spécifique était présentée de nouveau à l’occasion. Le lendemain matin, les chercheurs ont tenté de bouleverser à nouveau les volontaires, exactement de la même manière que la veille au soir. Mais ils n’ont alors pas si bien réussi à le faire. Les circuits cérébraux s’étaient adaptés du jour au lendemain ; la sirène du cerveau ne s’est plus déclenchée. L’amygdale répondait beaucoup moins, surtout chez ceux qui avaient eu beaucoup de sommeil paradoxal réparateur et qui, pendant ce temps, avaient été exposés à l’odeur spécifique. »

Les dormeurs agités

« Cependant, parmi les participants se trouvaient également des personnes ayant un sommeil paradoxal agité. Les choses étaient étonnamment différentes pour eux. Les circuits cérébraux ne se sont pas bien adaptés du jour au lendemain : la sirène du cerveau continuait à retentir le lendemain matin. Et si l’exposition nocturne à l’odeur a aidé les personnes ayant un sommeil paradoxal réparateur à s’adapter, la même exposition n’a fait qu’empirer les choses pour celles ayant un sommeil paradoxal agité. »

Les connexions neuronales s’affaiblissent et se renforcent

« Pendant le sommeil, les “traces de mémoire” des expériences de la journée passée sont spontanément rejouées, comme dans un film. Parmi tous les vestiges de la journée, une trace de mémoire spécifique peut être activée en présentant la même odeur que celle qui était présente lors de l’expérience éveillée. Les traces de mémoire sont ajustées pendant le sommeil : certaines connexions entre les cellules du cerveau sont renforcées, d’autres sont affaiblies. Le sommeil paradoxal agité perturbe ces ajustements nocturnes, essentiels à la récupération et à l’adaptation à la détresse. »

Santé mentale

Le sommeil paradoxal agité et l’amygdale hyperactive sont des caractéristiques du syndrome de stress post-traumatique, des troubles anxieux, de la dépression et de l’insomnie, soulignent les chercheurs.

« Le traitement du sommeil paradoxal agité pourrait aider à traiter les souvenirs émotionnels pendant la nuit et leur donner une meilleure place dans le cerveau. »

Pour plus d’informations, voyez les liens plus bas.

Psychomédia avec sources : Netherlands Institute for Neuroscience, Current Biology.
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