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Apnée du sommeil: pour être remboursés, les malades devront accepter le télé-flicage…

Pour la première fois en France, le remboursement d’un traitement par la Sécurité sociale est fonction du comportement du malade assuré social. Un comportement surveillé à distance par la télémédecine. «Télé-flicage», dénoncent ceux qui voient ici un premier exemple des futures menaces sanitaires pour les libertés individuelles. Simple cohérence, répond l’assurance maladie.

L’affaire a été récemment révélée sur le site automesure.com par le Dr Nicolas Postel-Vinay. Elle concerne les personnes souffrant d’«apnée du sommeil». Il s’agit ici de pauses respiratoires  dues à une obstruction de la gorge au niveau du pharynx. Ces arrêts de la respiration de plusieurs  secondes peuvent se répéter jusqu’à une centaine de fois (ou plus) durant la nuit. Cette maladie chronique est un handicap majeur.

Source d’inconfort durant la nuit, elle a diverses conséquences durant la journée (fatigue chronique, somnolence) et peut être la cause, au fil du temps, de  pathologies cardiovasculaires. Entre un et trois millions de personnes concernées en France.

Il existe aussi un traitement salvateur de référence: la pression positive continue (PPC). Son principe est d’administrer un flux d’air qui maintient la gorge ouverte et prévient ainsi les apnées. Il faut pour cela accepter (et ce n’est pas toujours simple) le port d’un masque qui doit impérativement rester appliqué sur le nez durant la nuit. Principe: administrer un flux d’air qui maintient la gorge ouverte et prévient ainsi  les apnées. Aujourd’hui en France, environ 500.000 personnes sont équipées à leur domicile d’un appareil à PPC.

Ce matériel est installé gratuitement au domicile via un système de location. Coût moyen d’environ 20 euros par semaine. Les caisses d’assurance maladie prennent en charge 60% de cette somme, le reste l’étant par les assurances complémentaires. Ce n’est pas le patient qui bénéficie du remboursement, mais le prestataire qui a installé l’appareil.

Jusqu’à présent, les malades disposaient de machines qui étaient contrôlées deux fois par an par le prestataire.  Puis vint un arrêté du ministère de la Santé. Il prévoit, en substance, que seuls les patients qui suivent bien leur traitement continueront à être pris en charge par l’assurance-maladie. 

Une dépense non justifiée de 80 millions

La puissance publique leur laisse trois mois pour parvenir à mieux respirer. Si ce n’est pas le cas, deux mois supplémentaires sont pris en charge à 50%. Puis l’appareil est retiré au malade sauf s’il prend en charge le coût de son fonctionnement.

Depuis le 1er octobre, ces nouvelles règles sont obligatoires pour les patients qui démarrent un traitement. A partir de 2016, elles s’imposeront à tous les malades. Dans une réponse écrite au Sénat en avril 2013, le ministère de la Santé soulignait que les remboursements pour ces traitements avaient atteint 360 millions d’euros en 2011, soit une augmentation de 8% par rapport à l’année précédente. Or, dans 20% des cas, le patient n’est pas observant et n’utilise pas le matériel de PPC mis à sa disposition. Le ministère évoquait alors une «dépense non justifiée» de près de 80 millions d’euros par an.

Ces machines sont équipées de systèmes de télémédecine qui permettent d’analyser les flux d’air que reçoit le malade –ce qui permet de savoir avec précision s’il utilise bien son appareil et pour quelle durée. «C’est la première fois en France que la prise en charge d’un traitement se fait sur des critères d’observance des patients», déclarait mi-janvier au quotidien La Croix le Dr Marc Sapène, responsable du pôle «apnée du sommeil» à la clinique Bel-Air de Bordeaux. «Ces nouvelles règles instaurent un “flicage” des patients par le biais de la télémédecine», s’insurge de son côté Alain Murez, président de la Fédération française des insuffisants ou handicapés respiratoires (FFAAIR) qui a engagé une action devant le Conseil d’Etat. Un jugement sur le fond est  attendu après un rejet du référé-suspension.

L’apnée du sommeil, puis les hypertendus, les cirrhotiques?

Tout le monde n’est pas opposé au nouveau système parfois qualifié de «politique du bâton». «Une vaste majorité des patients traités par PPC pour un syndrome d’apnée obstructive du sommeil se déclarent « globalement satisfaits » du télésuivi de l’observance thérapeutique», vient ainsi de se féliciter la fédération des prestataires de santé à domicile (PSAD), qui réunit huit entreprises privées ou associatives qui installent et assurent la maintenance des appareils, sondage à l’appui.

La plupart des pneumologues concernés estiment normal de responsabiliser les patients dès lors que le traitement est remboursé par la collectivité. D’autres considèrent aussi que ces nouvelles règles ont été instaurées de manière précipitée et dans le plus grand secret. «Est-ce que demain, on cessera de rembourser les hypertendus qui ne prennent pas leurs médicaments, demandent certains médecins. Ou les cirrhotiques qui continuent à boire?»

«Depuis 2004, on constate une tendance visant à mieux rembourser les patients vertueux, ceux qui respectent les règles du médecin traitant ou qui acceptent les médicaments génériques, explique Claude Le Pen, économiste de la santé à l’université Paris-Dauphine. Mais, à ma connaissance, c’est la première fois qu’on conditionne une prise en charge à une observance médicale. Cela ouvre un débat sur la responsabilisation financière des patients qui, en France, a toujours été sensible.»

JeanYves Nau

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Le Dr House est vivant, il va bien et il est Allemand

Comme le Dr House, le Dr Jüergen R. Schäefer est un spécialiste de médecine interne. Comme lui, c’est un médecin intellectuel, un as de l’impossible. Il dirige le centre des maladies «non diagnostiquées» de l’hôpital universitaire de Marburg. Là, il travaille avec les Drs Kirsten Dahms, Yulia Sharkova et Sabine Pankuweit. Son toxicologue préféré est le Pr Peter Heitland (Medizinisches Labor, Bremen).

Un jour de mai 2012, l’équipe de Marburg voit arriver un homme de 55 ans souffrant d’une insuffisance cardiaque. Pas d’antécédents notables hormis deux prothèses de hanche, une maladie coronarienne et une cardiomyopathie vraisemblable. Il souffrait aussi de surdité et d’une cécité prononcée, d’une fièvre d’origine inconnue associée à hypothyroïdie, une œsophagite par reflux et des ganglions lymphatiques médiatinaux. A noter la présence de ganglions au niveau de l’aine gauche.

Sa prothèse datait de novembre 2010. Prothèse métal, tête suisse (Zimmer, Winterthur), tige allemande (Aesculap, Tuttlingen). Elle avait été posée en remplacement d’une prothèse céramique de qualité totalement allemande (tête et tige Aesculap) implantée en décembre 2001et qui s’était brisée.

Tous les symptômes dont souffrait le malade en mai 2012 étaient apparus en 2011 et aucun des nombreux médecins consultés n’avaient trouvé la clef du mystère. Tel ne fut pas le cas du Dr Juergen R Schaefer et de son équipe. Hypothèse: intoxication au cobalt. Radiographie de la hanche, dosages du cobalt et du chrome dans le sang et les urines. Diagnostic confirmé. Traitement. Retour immédiat à la clinique d’origine, retrait de la prothèse en métal étranger et pose d’une céramique de qualité entièrement allemande. Disparition rapide des symptômes infectieux, cardiaques et digestifs.

En juillet 2013, les fonctions visuelles et auditives n’avaient toutefois été que partiellement récupérées.

Ça ne vous rappelle rien? Dans sa lettre au Lancet publiée dans l’édition datée du 8 février, l’interniste allemand a l’honnêteté de reconnaître ce qu’il doit au personnage incarné par l’Anglais Hugh Laurie et à ses créateurs américains. Lui-même use d’ailleurs, à Marburg, de la série comme support d’enseignement de sa discipline.

Face à son patient fiévreux et ganglionnaire, le Dr Schüefer a aussitôt songé à «Family Practice» (saison 7 épisode 11):

«L’intoxication au cobalt est une cause bien connue de cardiomyopathie depuis plus d’un demi siècle, rappelle l’équipe allemande dans le Lancet. Elle a surtout était étudiée au Québec chez des buveurs de bière  ainsi que dans des contextes professionnels chez des travailleurs de l’acier. La stabilité du cobalt  associé au chrome et du molybdène a fait de ce métal un composé excellent dans les prothèses de la hanche.»

Les auteurs ajoutent toutefois que de très graves problèmes d’intoxication au cobalt peuvent apparaître dans certaines situations. C’est souvent le cas avec le remplacement, de plus en plus fréquent, des prothèses en céramique fracturées.

Dans l’épisode «Family Practice» (première diffusion en 2011 aux Etats-Unis et en mars 2012 an France), le Dr House (qui souffre lui-même de la hanche) a une peur bleue: il doit prendre en charge Arlene Cuddy (Candice Bergen, 67 ans), la mère de Lisa Cuddy directrice-doyenne de l’hôpital de Princeton-Plainsboro. Et l’on sait le genre de relations troubles que Hugh Laurie entretient avec Lisa Edelstein.

C’est un épisode assez passionnant où il est question d’amour, d’éthique et d’empoisonnement. La publication du Lancet ne fait aucun parallèle sur ce point entre le médecin chef du service de médecine interne et la direction de l’hôpital universitaire de Marburg.

Jean-Yves Nau


A votre santé! – Slate.fr

Des textos de votre mairie pour perdre du poids? L’expérience anglaise

«Mangez des fruits et des légumes», «empruntez plus souvent les escaliers», «prenez des portions plus petites»: voilà le genre de SMS que la petite ville de Stoke-on-Trent, au nord-ouest de l’Angleterre, va envoyer pendant dix jours à 500 personnes souffrant d’obésité.

Reposant sur le volontariat des participants, l’initiative coûte près de 10.000 livres (un peu plus de 12.000 euros), soit 20 livres par personne. Si cet investissement est critiqué par l’opposition qui ne voit dans ses textos que des messages de bon sens, indique la BBC, le responsable municipal en charge de la santé, Adrian Knapper, estime pour sa part qu’il est rentable, dans la mesure où il équivaut selon lui à la prise en charge d’une «seule opération pour aider les gens à gérer leur poids».

«L’obésité a atteint des niveaux épidémiques à Stoke-on-Trent, où on estime que 28% des adultes sont obèses», explique-t-il encore. L’objectif est ici d’épargner aux personnes et à la société «de l’argent et de la souffrance», ajoute une porte-parole de la commune, en essayant de motiver les individus en surpoids à agir avant de souffrir de diabète, de problèmes cardiaques ou de toute autre conséquence de l’obésité. Un projet jugé «novateur» et réellement «rentable» par un chercheur spécialiste de la santé de l’université de Staffordshire interrogé par la BBC.

Après les dix jours d’essai, la petite ville anglaise évaluera les effets de ces textos journaliers. Avec un quart des adultes affectés, la Grande-Bretagne est l’un des pays les plus touchés par l’obésité. Les pouvoirs publics recherchent donc activement des solutions pour remédier à ce problème, qui pèse lourd sur le budget: à en croire le Financial Times, «le ministère de la Santé estime à 5,1 milliards de livres par an les coûts directement liés à l’obésité». Soit plus de 6 milliards d’euros.

Le journal britannique s’est également fait écho il y a quelques semaines d’un rapport proposant de priver les personnes souffrant d’obésité de certaines de leurs allocations dans le cas où elles refuseraient de suivre les préconisations de leurs médecins.

En France, la ville de Strasbourg expérimente également un dispositif visant à prescrire des activités physiques par ordonnance.
 

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A votre santé! – Slate.fr

Ecouter des chansons tristes peut vous rendre heureux

Cela peut paraître surprenant, mais la musique triste peut provoquer une sensation de bien-être. Le Pacific Standard se fait l’écho d’une étude réalisée par des chercheurs de l’université de Kent, Annemieke J.M Van den Tol et Jane Edwards et publiée Psychology of Music. Ils avancent qu’écouter une chanson triste peut nous éloigner du sentiment de tristesse. Mais, uniquement «si vous pouvez vous concentrer sur la beauté intrinsèque de l’œuvre», précise le Pacific Standard.

220 personnes de 26 nationalités différentes ont expliqué aux chercheurs pourquoi ils écoutaient de la musique triste quand ils étaient malheureux et les effets qu’elle provoquait sur leur humeur. Certains ont répondu qu’ils voulaient «ressentir la beauté des chansons tristes». Ces personnes-là ont été les plus susceptibles de se sentir de meilleure humeur après avoir écouté des chansons tristes. Par contre l’effet inverse s’est produit chez les personnes qui ont répondu qu’elles leur rappelaient de bons souvenirs ou des personnes en particulier.

Ne vous précipitez donc pas automatiquement sur de la musique triste en cas de baisse de moral. Les chercheurs ont confié à Pacific Standard qu’«écouter de la musique triste alors qu’on se sent triste va intensifier le sentiment de tristesse chez certaines personnes».

Les chercheurs concluent que «sélectionner une musique avec une grande valeur esthétique est la seule stratégie pour que la musique améliore l’humeur», peut-on lire dans le résumé de l’étude.  

Comment savoir si une musique est triste? En 2012, nous vous parlions sur Slate de Someone like you d’Adele, élue chanson qui fait le plus pleurer de l’année par le Boston Globe (Everybody Hurts de R.E.M étant, toujours selon le Boston Globe, la chanson la plus triste de tous les temps). Le Wall Street Journal avait demandé à des neuroscientifiques et psychologues pourquoi cette chanson provoquait cet état de tristesse. Il ressortait de leurs réponses que les passages musicaux qui vont toucher des personnes sont ceux qui débutent calmement avant de monter en intensité. Le brusque changement d’octave au moment du refrain de Someone like you est «l’exemple parfait» de ce type de chanson.

D’autres études ont également cherché à comprendre pourquoi on aime la musique triste. En septembre 2013, nous vous avions parlé de la théorie d’un chercheur américain qui y voyait une réponse hormonale. Pour David Huron, ceux qui ont le plus haut taux de prolactine dans le sang sont ceux qui aiment écouter des musiques tristes. Mais pour d’autres chercheurs, tout cela est lié à la dopamine. C’est ce que rapportait le Washington Post dans son article sur Adele:

«Une musique intense en émotion provoque la libération de dopamine dans les parties du cerveau gérant le plaisir et la récompense, avec des effets similaires à ceux de la nourriture, du sexe ou de la drogue.»

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Plan cancer: en France, il y a une fatalité du tabagisme

Un scandale à l’état pur –ou presque. Le tabac tue massivement et il continuera de tuer, prématurément.

Résumons. Les cancers tuent en France près de 150.000 personnes chaque année. Le principal tueur est connu. C’est le tabac, premier «acteur de risque évitable». C’est aussi une drogue légale hautement fiscalisée au pouvoir addictif considérable.

Le tabac est responsable de près de 30% des décès par cancer et à l’origine de près de 90% des cancers du poumon, plus de 50% des cancers des voies aérodigestives supérieures selon la localisation (bouche, larynx, pharynx, oesophage), 40% des cancers de la vessie et 30% des cancers du pancréas. Il est aussi impliqué dans les cancers des voies urinaires et du rein, du col de l’utérus, de l’estomac, de certaines leucémies, des cancers de l’ovaire, du côlon et du rectum et du sein.

Tambours et cigarette électronique

Le tabac est également responsable de nombre de maladies cardiovasculaires et pulmonaires. Au total 66.000 décès prématurés par an sont imputables au tabac en France –dont 44.000 par cancer.

On annonce à grands renforts de tambours républicains le lancement de la troisième version d’un Plan Cancer qui courra de 2014 à 2018. Ce lancement vient d’avoir lieu. Que croyez-vous que le président de la République annonça le 4 février 2014? Rien contre le tabac. La preuve (disponible ici sur le site le l’Institut national du cancer). On observera que François Hollande n’a pas dit un mot sur la cigarette électronique, cette révolution anti-tabagique en marche.

Triplement

On ne commentera pas, pour ne pas s’indigner, le «triplement» (de 50 euros à 150 euros) du montant annuel de prise en charge du forfait de sevrage tabagique «pour trois populations particulièrement exposées et souhaitant s’arrêter de fumer»: les jeunes de 20 ans à 30 ans; les bénéficiaires de la CMU; les patients atteints de cancer.

Vous avez bien lu. On n’en dira pas plus. Si: notre collectivité aidera désormais les cancéreux à ne plus fumer.

Au cas où des hausses de prix du tabac seraient décidées, une fraction de l’argent récolté sera «destiné à la recherche sur le cancer, à sa prévention et à l’amélioration de sa prise en charge». On pourra voir là une incitation parmi d’autres à ne pas cesser de fumer.

Fatalité française

Le Monde rappelle qu’Agnès Buzyn, présidente de l’Institut du cancer avait appelé à une «hausse drastique» des prix du tabac. La présidente n’a pas été entendue par le président. Démissionnera-t-elle? Attendra-t-elle des jours meilleurs?

«Il n’y a pourtant aucune fatalité liée au tabagisme: les Etats‐Unis, pays grand producteur de tabac, sont passés sous la barre symbolique des 20% de fumeurs, les Anglais en sont proches et les Australiens, qui ont instauré récemment les paquets neutres, sont à 16%», peut-on lire dans le texte du Plan cancer.

Ici le pourtant est terrible. Il sonne comme sonnent parfois les lapsus. Il dit la vérité: en France, il y a une fatalité du tabagisme.

Jean-Yves Nau

(Article republié du blog de Jean-Yves Nau)

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Le stéthoscope a 200 ans, et il risque de ne pas passer l’hiver

Dépassera-t-il de beaucoup les deux cents ans? Le stéthoscope a été inventé le 17 février 1816 par le Dr René-Théophile-Hyacinthe Laennec qui fêtait ce jour-là ses 35 ans. Il devait mourir dix ans plus tard, de tuberculose. Ce médecin avait eu l’idée de cet outil révolutionnaire en observant peu auparavant des enfants jouant dans les décombres de la cour du Louvre: l’oreille collée à l’extrémité d’une poutre, ils écoutaient les sons transmis par le bois tandis qu’un autre enfant grattait l’autre extrémité avec une épingle. On venait de lui enseigner la percussion, il découvrira et enseignera l’auscultation. 

De retour à l’hôpital Necker, au chevet d’une patiente cardiaque, il réclame une feuille de papier, la roule en cylindre, appuie une extrémité sur la poitrine de la malade et place l’autre contre son oreille. Et voici que lui parviennent, amplifiés et avec netteté, les sons des battements du cœur et ceux des inspirations-expirations des poumons. C’est la première auscultation médiate —par opposition à l’auscultation immédiate où avec la tête du médecin collée sur la poitrine du patient. Une opération qui voyait fréquemment le médecin plaçait un mouchoir entre son oreille et la peau du malade.

Laennec baptise stéthoscope son invention (du grec stethos, poitrine). Il en élabore un premier en bois puis l’améliore au fil de différents modèles. En moins de deux ans, il bâtit toute la sémiologie pulmonaire. Son instrument acoustique permet, sans danger et autant de fois qu’on le veut, d’entrer dans l’intimité du bloc cœur-poumon alors inaccessible. Deux siècles plus tard sa classification des sons pulmonaires normaux et pathologiques (râles, sifflements, bourdonnements, tintement métallique etc.) n’a rien perdu de son actualité. Il fait le lien entre ces sons et les lésions qui les provoquent, ce qui ouvre la voix à de considérables avancées. On peut découvrir ici ce que perçoivent les oreilles médicales au travers d’un stéthoscope.  

De nombreuses améliorations sont rapidement apportées (adaptateurs en ivoire, tube flexible…) mais il faut attendre le milieu du XIXe siècle pour voir apparaître le stéthoscope à deux oreilles (bi-auriculaire) dont le principe est toujours d’actualité. Le plus célèbre est aujourd’hui celui mis au point au début des années 1960 par le cardiologue américain David Littmann avec double pavillon réversible. Il est omniprésent dans la pratique médicale, qu’il s’agisse du cœur, des poumons, de l’abdomen, du fœtus ou de la tension artérielle.

Mais demain? Dans un éditorial de la prochaine livraison de la revue Global Heart, les Prs Jagat Narula et Bret Nelson (Mount Sinai School of Medicine, New York) laissent entendre que ses jours sont comptés. L’invention durable de Laennec ne résiste plus à l’avènement des appareils diagnostiques usant des ultrasons et de l’échographie. Des appareils de moins en moins volumineux, de moins en moins coûteux.

«Au moment où nous écrivons ces lignes, plusieurs constructeurs proposent des échographes portables à peine plus gros qu’un paquet de cartes à jouer, avec une technologie et des écrans inspirés des smartphones modernes», écrivent les deux médecins américains. La taille et le prix des échographes miniatures continuent de diminuer sans que la qualité des images en soit altérée. «De ce fait, de nombreux experts ont affirmés que l’échographe était devenu le stéthoscope du XXIe siècle. Mais alors, pourquoi ne trouve-t-on pas d’appareils à ultrasons dans la poche de tous les cliniciens», interrogent les Prs Narula et Nelson. Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. Parmi eux le fait que de nombreux médecins d’âge mûr ont terminé leurs études bien avant que l’échographie ne devient une pratique de base dans leur spécialité.»

Les stéthoscopes les moins onéreux sont par ailleurs devenus objets presque jetables alors qu’ils étaient hier encore pieusement conservés par les médecins tout au long de leur carrière. Mais les appareils à ultrasons les moins chers coûtent encore plusieurs milliers de dollars. Ce qui est un obstacle majeur dans les pays en développement. Pour autant, le mouvement de substitution est en marche et il est irréversible.

«Les conditions sont réunies pour un bouleversement, assurent les deux médecins. Les vinyles ont été remplacés par les cassettes audios, puis par les CDs et par les mp3. Le stéthoscope finira  par s’incliner de la même manière face à l’échographie. Les étudiants en médecine vont s’entraîner à utiliser ces appareils portables pendant leurs études précliniques. Puis ils auront accès à des anatomies et des physiologies vivantes qui n’étaient jusqu’ici consultables que via des simulations. Ces étudiants verront l’avènement d’une échographie guidée par une ultrasonographie ciblée. Puis une fois en position d’autorité, ils réaliseront peut-être que le potentiel de cette technologie aujourd’hui balbutiante est encore bien plus étendu. »

A ce stade notre  stéthoscope sera-t-il nettoyé, étiqueté, et place dans une chambre forte, à côté des inventions depuis celle de René  Laennec jusqu’à celle de David Littmann? Ou, à la manière des audiophiles qui jurent que le phonographe offre les meilleurs sons, certains cliniciens continueront-ils à n’avoir confiance que dans l’antique acoustique analogique?

Jean-Yves Nau


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Alzheimer n’est plus une maladie réservée aux pays riches

Natacha Khan et Daryl Loo de Bloomberg se penchent sur le problème grandissant de l’Alzheimer en Chine. Selon une estimation, le pays a maintenant la plus grande population de malades.

En Chine, il y a seulement 300 médecins compétents pour soigner plus de 9 millions de malades de démence. La pénurie accable les familles et menace les ressources d’une aide sociale déjà dépassée par le vieillissement du pays… L’espérance de vie en Chine a augmenté de sept ans depuis 1990 pour atteindre 76 ans. Le revers de la médaille de ce progrès est que la population vieillissante s’est combinée à une rapide modernisation pour alimenter une élévation des maladies mentales, de la dépression à l’Alzheimer, alors que la nation a directement limité les ressources destinées aux plus âgés

Entre 2000 et 2010, le nombre de patients atteints par la maladie d’Alzheimer a augmenté de 53%, jusqu’à un nombre estimé à 5,7 millions.

Ce n’est pas juste un cas chinois. Après avoir été considérée pendant des années comme une maladie de riches, Alzheimer prolifère de plus en plus dans les pays à revenus moyens —et bas. Une étude du Lancet parue en 2008 a montré que les taux de démence «dans l’Amérique Latine urbaine (environ 10%) ressemblent à ceux des pays riches».

D’après Alzheimer Disease International, qui siège à Londres, «déjà 62% des gens souffrant de démence vivent dans des pays en développement, mais d’ici 2050, cela va augmenter jusqu’à 71%. L’augmentation la plus rapide dans la population âgée a lieu en Chine, et chez ses voisins du sud de l’Asie et de l’Ouest du Pacifique».

Il y a évidemment une certaine victoire pour la santé publique dans le fait que l’espérance de vie, même dans les pays en développement, atteigne le point où des maladies telles qu’Alzheimer ou le diabète deviennent des problèmes répandus. Mais c’est aussi le signe qu’au siècle prochain, on pourrait avoir besoin de revoir nos priorités.

Joshua Keating

Traduit par Alice Bru

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Les apports de nos aliments

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Les aliments sont composés de plusieurs nutriments ayant chacun un rôle particulier dans notre organisme.

LES PROTEINES sont les éléments bâtisseurs de l’organisme. On les trouve dans les viandes, les poissons, les oeufs, le fromage, le lait, les yaourts et les fromages blancs.

Les légumes secs (lentilles, fèves, haricots secs, pois chiches…) et les céréales apportent aussi des protéines mais celles-ci sont moins bien utilisées par l’organisme (origine végétale).

LES LIPIDES (ou graisses) apportent de l’énergie et assurent des fonctions vitales notamment au niveau du cerveau. On les trouve dans les huiles, le beurre, la crème mais il existe aussi des   »graisses invisibles » dans les viennoiseries, les biscuits, les plats préparés, le chocolat…

LES GLUCIDES (ou sucres) représentent notre principale source d’énergie au niveau du cerveau et des muscles. Sont à privilégier : le pain, les féculents et les céréales. Sont à modérer : le sucre, les sucreries, les boissons sucrées…

LES VITAMINES ET MINERAUX sont indispensables au bon fonctionnement et à la protection de l’organismes. Tous les aliments en contiennent en quantité variable : les produits laitiers sont riches en calcium, en zinc et en vitamines B; les fruits et légumes apportent notamment des vitamines B9 et C.

L’EAU : elle représente 60 à 70% du poids du corps. L’eau du robinet est la boisson à privilégier et la plus économique.

LES FIBRES : ce sont elles qui régulent le transit intestinal. Les fruits et légumes, les céréales complètes, les légumes secs et les fruits secs sont les principales sources de fibres végétales.


Regimes alimentaires

Et si la viande grillée devenait une cause de cancer aussi répandue que le tabac?

La viande grillée au barbecue est loin d’être la chose la plus saine à avaler. De plus en plus d’études établissent un lien entre cancer et cuisson de la viande à la flamme. La combustion du bois, du gaz ou du charbon libère des substances chimiques appelées hydrocarbures polycycliques aromatiques.

On sait que l’exposition à ces HAP provoque des cancers de la peau, du foie ou encore de l’estomac chez des animaux de laboratoire. Chez les humains, des études épidémiologiques lient cancer et exposition régulière aux HAP. Quand les HAP d’une flamme se mélangent avec l’azote contenu, par exemple, dans une tranche de viande, ils se transforment en HAP nitrés, ou NHAP. Les NHAP sont, en laboratoire, encore plus carcinogènes que les HAP. Une conséquence raisonnable serait de dire que la viande grillée peut s’avérer dangereuse pour votre santé.

Les preuves d’un lien entre cancer et viande cuite sur une source de combustion se renforcent depuis des décennies. Dans les années 1960, des épidémiologistes observèrent pour la première fois une corrélation entre cancer et consommation d’aliments fumés. Le Japon, la Russie et l’Europe de l’Est, où le fumage est un moyen courant de conserver de la viande et du poisson, devinrent les laboratoires de la recherche sur les cancers gastriques.

Des études plus récentes laissent même entendre que la consommation de viande fumée pourrait provoquer d’autres cancers, pas uniquement dans le tractus gastro-intestinal. Une étude de 2012, par exemple, établit un lien entre consommation de viande fumée et cancer du sein.

Ces dernières décennies, on a même compris que le fumage n’était pas la seule méthode de cuisson problématique. Le bacon frit, par exemple, produit lui aussi d’importants taux de HAP, sans doute à cause de la volatilisation du carbone contenu dans le lard. Une étude iranienne, publiée l’an dernier, remarquait que les gens développant certains types de cancers gastro-intestinaux avaient davantage tendance à avoir un régime plus riche en aliments frits que bouillis. (Les chercheurs ont lié les cancers au niveau de brunissement des aliments, réduisant ainsi la probabilité que le coupable soit la consommation d’huile).

Aucune étude n’est définitive mais…

La FDA et l’OMS se préoccupent aussi de la présence d’acrylamides dans les aliments, un carcinogène connu qui se forme à partir des sucres et des acides aminés lors de cuissons à hautes températures. Des études sur le long-terme sont actuellement en cours. Ce qui voudrait dire que les aliments cuits à haute température, même sans combustion, pourraient être dangereux.

Aucune de ces études n’est évidemment définitive. Il est possible que d’autres facteurs contribuent aux corrélations entre cancer et cuisson sur une flamme ou à haute température, voire que le caractère carcinogène des HAP observé chez les animaux surestime le risque. Mais c’est un risque qui mérite d’être pris au sérieux.

Alors, que faire? Abandonner la cuisson à haute température est une idée radicale. La cuisson sur flamme est une pratique ancienne, antérieure même à l’émergence de notre espèce. Il est même possible qu’elle ait, littéralement, créé les humains modernes. L’odeur et le goût de la viande grillée parlent à notre nature ancestrale; un barbecue évoque la sécurité et la convivialité des anciennes veillées autour du feu.

On a sans doute davantage affaire à un instinct qu’à une tradition. Mêmes les chercheurs qui travaillent sur les HAP hésitent à prescrire une interdiction pure et simple des cuissons à haute température. Ou, pour reprendre les termes de Staci Simonich, une toxicologue de l’Université d’État de l’Oregon qui vient tout juste d’identifier plusieurs nouveaux types d’HAP: «tout est dans la modération».

Au début de la prise de conscience des risques du tabac

Mais les faits nous disent que se rassembler autour d’une source de chaleur et d’y calciner nos aliments est une habitude que nous devrions, a mimima, envisager de laisser tomber. Avant de m’accuser de folie ou de subversion, laissez-moi m’expliquer. Cet argument, comme tant d’autres discussions autour du cancer, débute avec le tabac.

Entre le milieu et la fin du XIXe siècle, des médecins établissent que l’incidence des cancers de la langue et de la bouche étaient plus élevée chez les fumeurs de pipes et de cigares. En dépit d’un tel lien, les principales publications médicales se moquent des opposants au tabac. The Lancet, l’une des revues les plus importantes de l’époque, et qui l’est toujours aujourd’hui, écrit ainsi en 1879: «Nous n’avons aucune sympathie pour les préjugés contre (…) le tabac, utilisé sous d’appropriées restrictions quant au moment et à la quantité de la consommation. (…) Un cigare quand l’humeur et les circonstances sont propices [doit] non seulement être toléré, mais approuvé». L’ordre du jour était à la modération, pas à l’abstinence.

Les statisticiens des compagnies d’assurance furent les premiers à remarquer un lien entre tabac et cancer du poumon dans les années 1930, suivis de près par des médecins nazis, chez qui une telle connexion fut établie à la fin de la décennie. Hitler s’opposa avec véhémence au tabac comme risque majeur de santé publique, bien avant ses Alliés d’adversaires. (Étant Hitler, il réussit à en faire une question raciale. Il voyait dans le tabac «La vengeance de l’homme rouge sur l’homme blanc pour lui avoir fait découvrir l’alcool fort»).

Deux médecins britanniques réussirent enfin à convaincre la hiérarchie médicale anglo-américaine du lien causal entre tabac et cancer du poumon grâce à un article fondamental du British Medical Journal, publié en 1950. Si les statistiques s’empilèrent ensuite rapidement, aussi bien aux États-Unis qu’en Grande-Bretagne, le consensus général estima pendant encore plusieurs années que quelques cigarettes quotidiennes étaient inoffensives.

Des décennies de politique de modération

Dans un article de 1951 sur le tabac pendant la grossesse, un article publié dans le magazine de décoration Better Homes and Gardens estimait que «si vous êtes une grosse fumeuse, les médecins conseillent de réduire considérablement votre consommation, sans pour autant l’arrêter totalement». En 1957, on pouvait lire dans le Consumer Reports: «il pourrait sembler prudent de réduire la consommation de cigarettes à moins d’un paquet par jour».

Il fallut attendre 1964, et un rapport du Surgeon General, pour que le tabac soit finalement et fermement déclaré comme indiscutablement lié à l’explosion des cancers du poumon. A cette époque-là, les épidémiologistes avaient un panorama complet des effets à long-terme de la consommation de cigarettes, qui avait commencé à se populariser peu avant la Première Guerre Mondiale. Les conclusions se tiraient quasiment toutes seules. Et pourtant, les spécialistes de la santé publique mirent des décennies avant de comprendre que fumer avec modération était une idée épouvantable.

Pour autant, le rapport coût/bénéfice du tabac n’est pas le même que celui des grillades ou de la friture. L’alimentation est un fait vital et la viande grillée et frite contribue pour beaucoup au régime américain moyen. Sans compter que les liens entre cancer et HAP, ou autres substances similaires, sont loin d’être aussi établis qu’ils ne le sont pour le tabac.

Mais en se replaçant dans l’optique des années 1950, les cigarettes n’étaient pas si différentes. La consommation annuelle de tabac avoisinait les 6 kilos par personne, et 80% des hommes étaient fumeurs, au moins occasionnels. Le tabagisme était une pratique sociale de premier plan et, pour beaucoup, un moyen de se décharger du stress. Qu’importe que les liens entre cancer et tabac soient déjà évidents à la fin de la décennie, peu de gens imaginaient que le tabac allait devenir la première cause de décès évitables aux États-Unis. L’arrêt total du tabac semblait inutile et imprudent, voire complètement incompréhensible.

Arrêter la viande grillée, fumée ou frite pourrait sembler tout aussi bizarre aujourd’hui, mais des changements diététiques à l’échelle d’une population ont déjà grandement joué sur l’incidence des cancers dans d’autres régions du monde. Au début des années 1970, le cancer du foie tuait quasiment un adulte sur 10 à Qidong, en Chine, une région située à l’embouchure du fleuve Yangtzi.

«Je vous l’avais bien dit»

Deux facteurs contribuaient à cette prévalence aussi extraordinairement élevée: un important taux d’infection au virus de l’hépatite B, et des aliments contaminés par l’aflatoxine. Les terres de Qidong ne supportent pas la riziculture, et ses populations se nourrissaient donc principalement de maïs. Les conditions de culture et de stockage du maïs favorisaient la prolifération de moisissures produisant ce puissant carcinogène.

Dès que les échanges commerciaux furent possibles avec d’autres régions chinoises, les habitants de Qidong passèrent largement au riz. A la fin des années 1980, l’exposition à l’aflatoxine était plus de 100 fois inférieure à ce qu’elle était auparavant, et l’incidence des cancers avait été divisée par deux. 

Alors, faut-il balancer votre barbecue aux ordures? Les preuves en faveur d’une telle stratégie ne sont pas là – du moins, pas encore. L’EPA est en train de mettre au point des facteurs permettant de rendre précisément compte des risques cancérigènes de l’exposition aux HAP, mais difficile de savoir si une activité comme la consommation de grillades est réellement carcinogène.

Bombarder de carcinogènes des lignées de souris modifiées génétiquement est assez facile à aire en laboratoire, mais l’exposition humaine aux HAP est un phénomène que les températures de cuisson et les modes de ventilation, entre autres variables, rendent complexe, et les effets des HAP sont aussi certainement modulés par d’autres facteurs comme les autres types d’aliments consommés et la diversité génétique.

Vous n’avez peut-être as envie de devenir une Cassandre aux yeux de vos voisins. En même temps, si elle n’est pas populaire, Cassandre reste un personnage visionnaire. Tout ce que je dis, c’est si vous êtes le genre de personne à aimer répéter «Je vous l’avais bien dit», vous tenez peut-être là une occasion en or.

Brian Palmer

Traduit par Peggy Sastre

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Boire light, c’est manger plus

Les Américains en surpoids qui consomment des boissons «light» mangent plus que les autres, selon une nouvelle étude publiée dans l’American Journal of Public Health. Le débat sur le rôle des sodas allégés en sucres est loin d’être terminé aux Etats-Unis… 

Des chercheurs de l’Université Johns Hopkins, rapporte Reuters, ont analysé les données d’une étude nationale sur la santé et la nutrition des Américains, menée sur 24.000 personnes entre 1999 et 2010. Les personnes en surpoids ou obèses adeptes des boissons light ont absorbé plus de calories par la nourriture que les autres, même si le total par jour est comparable à celui des personnes en surpoids ou obèses consommant des boissons sucrées. 

Selon le Los Angeles Times, cette question des boissons light n’est pas négligeable, car «la consommation de boissons light est passée de 3% des adultes en 1965 à 20% aujourd’hui», les industriels de la boisson ayant développé ce marché en communiquant sur la lutte contre l’obésité…

Les personnes en surpoids buveuses de sodas light ont consommé en moyenne 1.965 calories par jour via la nourriture. Contre 1.874 calories dans l’assiette pour ceux qui boivent des boissons sucrées régulièrement. Pour les obèses, c’est 2.058 calories versus 1.897 calories, ce qui fait une différence assez significative. 

L’auteur principale de l’étude, Sara Bleich, explique à Reuters que «cette recherche, associée à d’autres études, montre que les édulcorants artificiels pourraient affecter le métabolisme ou les envies des gens, même si nous devons mener encore d’autres études».

Les critiques déclarent d’ailleurs déjà que les données de base sont erronées et qu’il est encore trop tôt pour parler du rôle positif ou négatif des boissons contenant des édulcorants dans la perte de poids. 

Pour Sara Bleich, il pourrait aussi s’agir d’une décision plus ou moins consciente de manger plus après avoir «économisé» des calories sur les boissons. Du coup, «aller vers les sodas light ne fait pas sens si on mange ensuite plus de calories solides. (…) L’adoption des boissons light devrait être couplée à d’autres changements dans l’alimentation». 

L’American Beverage Association, groupe d’industriels qui défend son business, a déclaré dans un communiqué: 

«Beaucoup d’études ont démontré les bénéfices des boissons light, tout comme les édulcorants (…) pour réduire l’absorption de calories. Perdre ou maintenir son poids, c’est un équilibre entre le total des calories consommées et celles brûlées par l’activité physique.»

Bonnie Liebman, directrice nutrition du Center for Science in the Public Interest, pense qu’il est «prématuré de conclure que tout cela se passe dans le cerveau» et qu’en attendant, pour les personnes en surpoids souhaitant mieux réguler leurs calories, «il sera toujours mieux de boire de l’eau, ou du thé ou du café sans sucre». 

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