Archives de catégorie : DOSSIERS

Schumacher: que risque-t-on quand on souffre d’un traumatisme crânien?

Depuis dimanche 29 décembre, le septuple champion du monde de Formule 1 Michael Schumacher est dans un état critique au C.H.U de Grenoble. Alors qu’il skiait en hors-piste sur le domaine de Méribel, l’Allemand a heurté un rocher. Verdict: traumatisme crânien. Une expression connue, mais qui recouvre plusieurs réalités, et une certitude: comme l’explique un article de BBC News, même les accidents mineurs peuvent avoir des conséquences majeures.

Un traumatisme crânien désigne un choc à la tête, quelle que soit sa gravité: il peut être faible –sans perte de connaissance, modéré– avec un évanouissement de quelques minutes, ou sévère. C’est le cas du pilote de F1. Ce dernier était encore conscient quelques minutes après sa chute, selon le directeur de la station, avant de tomber dans le coma. Mais le scanner pratiqué dès son arrivée à l’hôpital de Grenoble a révélé des «hématomes intracrâniens». L’examen a également révélé un œdème cérébral diffus, autrement dit un amas de sang dans le crâne.

C’est pourquoi les médecins ne peuvent se prononcer pour l’instant. Il faut attendre au moins 48 heures, explique le journal Ouest-France, avant de poser un diagnostic sur la situation du patient. Le pronostic dépend aussi de l’âge et de la condition physique du patient. Michael Schumacher, ancien sportif de très haut niveau, âgé de 44 ans, est plutôt favorisé.

Mais les traumatismes crâniens laissent souvent des séquelles, indique Anne Jeanblanc, chroniqueuse santé au Point, comme des vertiges ou des troubles psychiques. Et dans tous les cas, une longue rééducation est généralement nécessaire, pour faire face aux fonctions cognitives et aux troubles moteurs. 

© BBC News

Ce schéma réalisé par la BBC montre la réaction du crâne à l’onde de choc (n°2). La zone n°3 est celle du liquide céphalo-rachidien, entre le cerveau et le crâne, dont le but est d’amortir les chocs. Si la blessure est trop forte, le danger se situe au niveau des vaisseaux sanguins ici représentés en rouge, avec un risque d’hémorragie. Comme le problème est invisible, même un choc dont le blessé se relève sans problème peut se révéler très grave. C’est ainsi que Natasha Richardson, épouse de Liam Neeson, était décédée en 2009 d’un hémorragie cérébrale, à la suite d’un accident de ski d’abord considéré comme sans gravité.

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A votre santé! – Slate.fr

Mieux connaître son potentiel de fécondité quand il est encore temps

Sensibiliser le plus grand nombre de jeunes aux questions relatives à la fertilité est une action essentielle pour que les meilleures décisions soient prises en matière de procréation. Et cette sensibilisation peut être faite sans mobiliser des moyens coûteux ou complexes. C’est ce que viennent de démontrer deux chercheuses australiennes dans la revue spécialisée Fertility and Sterility (1).

Modification des intentions

Elles établissent, simplement, comment une simple brochure d’information peut inciter les jeunes à accélérer leurs réflexions quant à la planification d’une famille. Ce travail a été mené auprès de 137 étudiants australiens. Parmi eux, un groupe avait accès à une brochure d’information en ligne sur la fertilité, son évolution avec l’âge et les chances de concevoir par fécondation in vitro.

Les résultats peuvent apparaître modestes, mais ils ne sont pas négligeables. En moyenne ces étudiants avaient initialement prévu (autant que possible) de donner naissance à leur premier enfant à l’âge de 29 ans et le dernier à 34 ans. Après avoir été informés par la brochure, leurs intentions se sont modifiées. Ils disaient alors vouloir leur premier enfant à 28 ans et leur dernier à 33 ans. Ce résultat est la conséquence des connaissances acquises sur la baisse de la fécondité liée à l’âge ainsi que sur l’évolution de l’efficacité de la fécondation in vitro, toujours en fonction de l’âge.

Pathologique ou pas

Etre informé pourrait donc faire modifier sa planification familiale en l’avançant d’au moins une année. Il apparaît au travers de cette étude que beaucoup de jeunes retardent leurs projets d’enfants sans avoir réellement compris tous les enjeux d’une conception plus tardive. Et ce en comptant pour l’essentiel sur «la technologie de la reproduction» pour pallier des déficiences que l’on peut considérer comme n’étant pas vraiment pathologiques.

Or on sait de mieux en mieux que les techniques d’assistance médicale à la procréation perdent en efficacité avec l’avancée en âge. Telle était la conclusion d’une étude publiée il y a un an dans la revue PLoS ONE (2). Avec un taux de conception sans traitement de 13,6%, 80% des couples peuvent concevoir durant une phase de douze cycles.

Fécondité féminine déclinante

Or pour un taux de conception tombant à 2%, seuls 20% des couples concevront dans le même délai. Dans PLoS ONE des chercheurs britanniques de la Warwick Medical School proposaient une formule mathématique permettant d’estimer les chances, pour un couple, d’avoir un enfant à un mois donné. Où l’on confirme de manière précise et chiffrée que la fécondité des femmes ne cesse de baisser avec l’âge.

Les experts s’accordent ici pour dire qu’en moyenne 80% des couples qui ont des rapports sexuels réguliers (tous les deux à trois jours et sans contraception) conçoivent dans l’année. Mais ce n’est là qu’une moyenne. On parle d’«hypofertilité» quand aucune grossesse ne démarre après une année de tentatives régulières. La situation est plus critique quand la femme entre dans la trentaine.

Spermatozoïdes et saisons

Mais il faut aussi compter avec d’autres variables, spécifiquement masculines. C’est la conclusion d’une étude originale menée par des chercheurs de l’Université Ben Gourion (Israël) et publiée il y a quelques mois dans l’American Journal of Obstetrics and Gynecology (3). Elle laisse entendre que les chances de concevoir (notamment dans les couples où ce sont les hommes qui souffrent d’hypofertilité) seraient plus élevées en hiver et au printemps.

Les chercheurs israéliens ont analysé les échantillons de sperme de 6455 échantillons de sperme provenant d’hommes suivis dans des centres spécialisés dans la prise en charge de l’infertilité. Les participants étaient invités à s’abstenir de toute activité sexuelle entre un et trois jours avant de fournir un échantillon de sperme obtenu par masturbation. Les chercheurs évaluaient le volume de l’éjaculat, la concentration des spermatozoïdes ainsi que différentes caractéristiques morphologiques et dynamiques de ces derniers.

Pic au printemps, creux en hiver

Ils constatent que si les volumes des éjaculats apparaissent constants tout au long de l’année, la concentration en spermatozoïdes atteint un pic durant le printemps, plus précisément de mars à mai. Le pourcentage de spermatozoïdes mobiles atteint quant à lui un pic durant l’été (de juin à août) et un creux en hiver (de décembre à février). Tandis que le plus grand pourcentage de spermatozoïdes en mouvement rapide est observé pendant les mois d’hiver. Enfin le pourcentage de spermatozoïdes de morphologie normale atteint un pic durant l’hiver et diminue durant l’été.

Ni tabac ni surpoids

Dans les échantillons à faible concentration de spermatozoïdes, les volumes des éjaculats et les concentrations ne varient pas de manière significative au long de l’année. Le pourcentage de spermatozoïdes mobiles est toutefois plus élevé au cours de l’été et de l’automne et plus faible en hiver, mais le pourcentage de spermatozoïdes en mouvement rapide ne varie guère. Pour finir le pourcentage de spermatozoïdes à morphologie normale atteint un pic au cours du printemps, chute en été et remonte en automne.

Les auteurs rappellent aussi que la meilleure façon pour les hommes d’optimiser leur fertilité est d’éviter l’alcool et le tabac et parvenir à lutter efficacement contre la tendance au surpoids puis à l’embonpoint.

(1). Un résumé (en anglais) du travail d’Aleena M. Wojcieszek et Rachel Thomson (School of Psychology, University of Queensland, St. Lucia, Queensland) est disponible ici.

(2). L’article (en anglais) est disponible en intégralité ici.

(3). Un résumé (en anglais) de cette publication est disponible ici.

Jean-Yves Nau


A votre santé! – Slate.fr

Suicide médicalement assisté: l’IFOP est pour

Douze feuillets. C’est un document peu banal que l’on peut découvrir depuis peu sur le site du Comité national d’éthique (CCNE). A en-tête de l’Institut français d’opinion publique (IFOP) il s’agit de l’«avis citoyen», conclusion de la «Conférence de citoyens sur la fin de vie». C’est aussi le fruit d’une initiative du CCNE, institution que préside Jean-Claude Ameisen depuis octobre 2012, après sa désignation par François Hollande.

Un engagement pris par François Hollande

Depuis sa publication cet «avis citoyen» alimente une polémique: on accuse Jean-Claude Ameisen d’avoir organisé une opération visant au final à faciliter la traduction dans la loi de l’engagement pris par François Hollande candidat à l’élection présidentielle. Il s’agit ici de modifier les termes de la loi Leonetti de 2005 «relative aux droits des patients en fin de vie».

Le candidat Hollande avait déclaré: «Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité.»

Au terme de leur «conférence sur la fin de vie» les dix-huit citoyens réunis par l’IFOP écrivent:

«La possibilité de se suicider par assistance médicale comme l’aide au suicide constitue, à nos yeux, un droit légitime du patient en fin de vie ou souffrant d’une pathologie irréversible, reposant avant tout sur son consentement éclairé et sa pleine conscience».

Tromperie?

Or l’ensemble des réflexions officielles conduites depuis un an dans ce domaine ne concluaient pas dans ce sens. On peut dès lors voir dans la démarche du CCNE une opération de nature éthico-politicienne. Et les éléments réunis sont suffisants  pour déclencher une nouvelle polémique entre partisans et adversaires d’un «nouveau droit» (le droit au «suicide médicalement assisté» ou droit «de mourir dans la dignité»). Pour les adversaires il n’y a aucun doute: c’est une opération de manipulation  destinée à préparer le terrain de la prochaine loi. Nouveau porte-parole de ce camp, le Pr Philippe Juvin qualifie cette conférence de citoyens de «tromperie», la rédaction de cet avis ayant  été confiée à «dix-huit  personnes sans légitimité». Le Pr Philippe Juvin est chef du service des urgences de l’hôpital Européen-Georges Pompidou. Il est par ailleurs député européen et conseiller politique de l’UMP. Ses déclarations ont heurté les responsables de l’IFOP qui  étudient les éventuelles suites à leur donner.

Tromperie? La question mérite d’être analysée. On trouvera ici la «note méthodologique» de cette entreprise. Les dix-huit personnes sélectionnées par l’IFOP ont travaillé «à huis clos» pendant «quatre week-ends» en auditionnant une vingtaine d’experts aux opinions différentes et souvent radicalement divergentes. On tient à préciser, auprès de l’IFOP, que ces citoyens  n’ont pas été indemnisés mais simplement défrayés. On ajoute  qu’il en a été de même des experts auditionnés, et ce «alors même que certains peuvent être amenés, en d’autres circonstances, à demander des rétributions».  Pourquoi l’’IFOP? «Nous avons été retenu au terme d’une procédure d’appel d’offres» précise-t-on. Le Pr Ameisen ajoute pour sa part que l’un des instituts intéressés avait fait savoir qu’il serait impossible de réunir, sans rémunération,  des citoyens durant quatre week-ends. L’IFOP se refuse à préciser quel a été le montant de sa prestation. «L’essentiel des frais engagés par le CCNE a concerné l’organisation matérielle des réunions» confie-t-on.

Une démarche surprenante

Pourquoi une  «conférence de citoyens»? Cette pratique ne doit pas être confondue avec une forme de sondage ou avec une «conférence de consensus», démarche développée aux Etats-Unis dans le but d’harmoniser des pratiques médicales. La «conférence de citoyens» vise en théorie à éclairer la prise de décision politique dans des situations complexes. Elle prête aussi le flanc à de nombreuses critiques à commencer par celle de la toujours possible instrumentalisation de ses membres. Le CCNE avait ici demandé à l’IFOP de  constituer un «panel de dix-huit  personnes» reflétant la diversité de la population française (sexe, âge, niveau de diplôme…) et illustrant la variété des points de vue sur la médicalisation de la fin de vie sans pour autant constituer un échantillon représentatif de la population.

La démarche peut surprendre compte-tenu des diverses et récentes entreprises menées précisément sur ce thème. En 2012 une commission de réflexion confiée par François Hollande au Pr Didier Sicard, président d’honneur du CCNE, avait mené une série de consultations ouvertes dans neuf villes et universités avant de remettre, en décembre, son rapport au président de la République. Par rapport à la loi Leonetti il préconisait une ouverture dans le sens d’une possible accélération de la survenue de la mort, «une grave décision prise par un médecin engagé en conscience, toujours éclairée par une discussion collégiale».

En juillet 2013, le CCNE rendait, toujours à la demande de François Hollande, un avis (n°121) dans lequel il indiquait que la «majorité de ses membres recommandait de ne pas légaliser l’assistance au suicide et/ou l’euthanasie». Mais il s’agissait encore d’un CCNE reflet de l’ancienne majorité. En septembre la composition du Comité fut, comme le prévoit son règlement, profondément remaniée ce qui suscita de vives critiques des autorités religieuses et de personnalités de droite.

C’est dans ce contexte que survient l’«avis citoyen».  Il témoigne à l’évidence de la tendance d’une fraction de l’opinion française à accepter le cadre législatif qui prévaut depuis une décennie ou plus en Belgique, aux Pays-Bas et au Luxembourg. Cette tendance est-elle majoritaire? Correspond-elle à une claire vision des enjeux éthiques et économiques? N’est-elle pas le fruit de la médiatisation outrancière de quelques faits divers tragiques? 

Jean-Claude Ameisen répond aux critiques dont fait l’objet son initiative et son choix de l’IFOP dont il vante les «vertus pédagogiques». Il a notamment développé ses arguments dans un entretien accordé au Quotidien du Médecin. «Les critiques sont bienvenues, assure-t-il. Encore faut-il qu’elles ne soient pas fondées sur une méconnaissance de la loi et des missions que le législateur a confiées au CCNE, ce qui est particulièrement surprenant venant d’élus qui font partie de la majorité d’alors qui a voté cette loi en 2011. Si Mr Juvin pense que la majorité d’alors a contribué à inscrire une «tromperie» dans la loi, il devrait demander au législateur de modifier la loi pour réparer cette «tromperie», plutôt que de faire endosser la faute au CCNE.»

L’actuel président du CCNE défend le caractère «citoyen» de l’opération pilotée par l’IFOP en rappelant qu’en 2009 les débats et les conclusions des états généraux de bioéthique étaient dirigés par le cabinet de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé  Jean Leonetti et la directrice de l’Agence de biomédecine.

«Le 16 décembre 2013 la conférence de presse a mis en présence les citoyens avec les journalistes: ce sont les citoyens eux-mêmes qui ont lu leur avis devant la presse et qui ont répondu aux questions des journalistes, souligne-t-il. Je vous laisse imaginer ce qu’auraient été les critiques si la conférence de citoyens sur la fin de vie avait été, aujourd’hui, organisée selon les mêmes modalités que celles de 2009. Si le législateur a cru bon, en 2011, de confier l’organisation de conférences de citoyens à une autorité indépendante, le CCNE, c’est probablement après avoir tiré des leçons de ces premiers états généraux

Où il est démontré que la réflexion biotéthique peut ne pas être très éloignée de la politique. Et maintenant? Jean-Claude Ameisen annonce «avant la fin février» un rapport du CCNE sur l’ensemble du débat public sur la fin de vie entamé  il y a un an et demi avec la commission Sicard. On saura alors un peu mieux ce qu’il en est, sur ce thème, de la question de la fin et des moyens.

Jean-Yves Nau


A votre santé! – Slate.fr

Derrière la prouesse technique du cœur artificiel, des dangers éthiques

Cœur de métal ou cœur de chair? Machine achetée acheté versus cœur offert. La première implantation d’une prothèse cardiaque française soulève des questions inédites. Moins d’une semaine après avoir été tentée, l’implantation d’un cœur artificiel, élaboré par la société française Carmat, vient de faire fait l’objet d’une intense médiatisation. Elle a aussi été officiellement saluée par de nombreux responsables politiques, le Président de la République au premier chef. Et en dépit des mises en garde répétées des responsables de l’équipe chirurgicales elle apparaît de ce fait comme un succès, une réussite d’ores et déjà assurée.

Des années de validation

La vérité est que rien ne sera médicalement acquis avant la fin de la première série de vingt tentatives –elles seront effectuées en France et en Pologne. Puis il faudra attendre l’évaluation des résultats obtenus à distance des implantations. Soit pas plusieurs années avant d’espérer les autorisations en routine de mise sur le marché. En parallèle le fabricant mènera des recherches pour augmenter l’autonomie des batteries, affiner l’ergonomie de la console de contrôle et réduire le poids (actuellement 900 grammes) de l’appareil.

Pour autant il s’agit bien là, d’ores et déjà, de la première démonstration en vrai grandeur du caractère opérationnel de cette prothèse cardiaque d’un nouveau genre. Une prothèse à la fois autonome et «biologisée»; une bio-prothèse «intelligente» offrant de multiples avantages théoriques et pratiques par rapport aux quelques modèles incomplets et limités existants actuellement sur le marché.

Les louanges officielles en témoignent: il s’agit ici d’une véritable innovation totalement française. Elle survient qui plus est dans le domaine médical et dans un pays qui doute désormais de manière chronique de son génie inventeur. Le cœur artificiel Carmat® c’est, d’abord, la rencontre entre le Pr Alain Carpentier et Jean-Luc Lagardère. Un chirurgien cardiaque, mandarin  passionné ayant su faire notablement évoluer sa discipline. Un capitaine d’industrie flamboyant à la tête, notamment, des ingénieurs et techniciens du groupe Matra.

Pénurie de greffons

C’est de leurs passions partagées que devait ensuite naître, en 2008, la société Carmat avec l’arrivée du fonds d’investissement Truffle Capital dirigé par le Dr Philippe Pouletty. Puis, pour parachever l’ensemble, vint le soutien d’Oseo (BPI France Financement) à hauteur de trente-trois millions d’euros d’aide à l’innovation. C’est ainsi que l’action Carmat vaut désormais plus de 100 euros aujourd’hui, contre 18 lors de son introduction en Bourse, en 2010. Le projet initial avait été financé à hauteur de 10 à 15 millions d’euros par EADS, qui détient un tiers du capital. «Nous pourrions faire appel, le moment venu, à de nouveaux investisseurs, notre objectif étant si possible de rester indépendants» annonce aujourd’hui Philippe Pouletty.

Il pourrait n’y avoir là qu’une success story parmi tant d’autres. On se réjouirait alors aujourd’hui des perspectives de développement affichées par Philippe Pouletty et le business model de son cœur artificiel. «Cette prothèse s’adresse aux patients atteints d’une d’insuffisance cardiaque bi-ventriculaire terminale vient-il de déclarer au Monde. Cela pourrait représenter environ 100 000 malades en Europe et aux Etats-Unis. Aujourd’hui, seulement 5% à 7% des patients qui ont besoin d’une transplantation cardiaque en bénéficient, faute de donneurs. Il pourrait coûter environ 150 000 euros –à peu près le coût d’une transplantation. Il permet cependant d’économiser le prix des traitements immunosuppresseurs (qui évitent le rejet de la greffe), soit environ 20 000 euros par an en moyenne, la vie durant. Le besoin médical est considérable, avec un marché potentiel de plusieurs milliards d’euros. La question de la prise en charge par les systèmes de santé est très importante. Nous sommes confiants. Des cœurs artificiels beaucoup moins sophistiqués et d’un coût comparable sont déjà autorisés et remboursés dans plusieurs pays.»

Outre que cet Eldorado chiffré peut être discuté, cette nouvelle prothèse cardiaque n’apparaît pas dans un paysage vierge. Depuis près d’un demi-siècle des dizaines de prototypes de cœurs artificiels ou semi-artificiels ont été mis au point et expérimentés; sans jamais se substituer durablement à la pompe cardiaque. Dans le même temps depuis la spectaculaire et symbolique première (1967, Afrique du sud) du Pr Chris Barnard la greffe de cœur a amplement pris son essor. Après une décennie de désillusions vinrent (dans les années 1980) les premiers médicaments immunosuppresseurs. Ils furent suivis de résultats spectaculaires puis du développement des activités de prélèvements de cœur sur chez des personnes en état de mort cérébrale.

Ces progrès font que depuis les années 2000 la greffe cardiaque est une pratique parfaitement codifiée, presque banalisée, dont le champ d’indication s’élargit du fait notamment du vieillissement de la population. Elle se heurte désormais à la pénurie chronique de greffons disponibles. Cette pénurie n’a toutefois rien d’une fatalité comme le montre par exemple l’Espagne qui parvient à répondre à ses besoins après avoir amélioré sa pratique de consentement présumé du don. En France les campagnes d’incitation aux dons d’organes cadavériques de l’Agence de biomédecine semblent avoir atteint un plafond et les nouveaux assouplissements législatifs permettant des dons de donneurs vivants ne concernent que le rein ou des fragments de foie. 

La greffe gratuite, la machine payante

En cette fin 2013 la première implantation expérimentale de la prothèse cardiaque française vient rappeler le fondement éthique du système en vigueur des greffes d’organes: une chaine de solidarité entre les morts et les vivants –une fraternité biologique fondée sur la triade bénévolat-anonymat-gratuité. A l’inverse la perspective d’un cœur artificiel performant et «intelligent» s’inscrit tout naturellement dans l’espace marchand et réglementaire au même titre, toute proportion gardée, que les médicaments. Et les perspectives dessinées par le Dr Philippe Pouletty laisse penser que les appétits des fabricants pourraient, à terme, venir contester les indications et le modèle de la greffe; un modèle où le cœur est offert mais qui nécessite de très coûteux traitements médicamenteux.      

Il s’agit ici d’un affrontement radicalement nouveau à la fois médical et économique mais aussi, plus généralement, éthique. On le perçoit dans les premiers commentaires faits à l’annonce de la pose de la prothèse par Claire Macabiau, présidente de la Fédération des associations de greffés du cœur et des poumons et greffée du coeur depuis dix-sept ans. «Lors des conférences faisant des points d’étape ce cœur artificiel  nous a toujours présenté comme une solution permettant d’attendre plus longtemps un greffon, mais jamais comme quelque chose de définitif» assure-t-elle. Or tout laisse aujourd’hui penser que cette nouvelle prothèse est, dans l’esprit de ses créateurs, destinée à rester en place et nullement à servir de pont temporaire entre un cœur malade retiré du circuit et un futur cœur greffé.

Aujourd’hui en France on compte 600 000 insuffisants cardiaques et 3 500 greffés du cœur. Aujourd’hui environ 700 personnes sont inscrites sur des listes d’attente pour une transplantation. Pour Mme Macabiau, loin de se satisfaire de ce nouvel espoir artificiel qui doit encore faire ses preuves, l’urgence est à «intensifier les messages incitant au don d’organe, des messages qui ne sont  pas encore assimilés par les Français».

Les responsables politiques qui saluent aujourd’hui la prouesse technique du Pr Alain Carpentier et de la société Carmat n’ont pas profité de cette occasion pour rappeler l’urgence qu’il y à amplifier ce mouvement de solidarité et de fraternité  –un mouvement dont il n’est pas inutile de rappeler qu’il s’est développé en périphérie des lois d’airain du marché.   

Jean-Yves Nau


A votre santé! – Slate.fr

Musculation et nutrition

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L’alimentation joue un rôle majeur dans la musculation mais il y a de nombreuses dérives au niveau diététique dans ce sport.

Cet article présentera l’équilibre alimentaire à adopter lorsque l’on pratique la musculation en fonction des divers objectifs que l’on souhaite atteindre.

Une alimentation équilibrée :

–       Des féculents à chaque repas : pain, pâtes, riz, semoule, pommes de terre, légumes secs (lentilles, flageolets, haricots…etc.) afin d’assurer des apports de glucides dits complexes à l’organisme (qu’on appelait auparavant sucres lents).

Les féculents sont le carburant du muscle, sans ces aliments, l’épuisement à l’effort sera précoce.

De plus les glucides présents dans les féculents participent au développement de la masse musculaire.

–       Des fruits et légumes à chaque repas : crus, cuits, en potage, frais, surgelés ou en conserves.

Ils contiennent des fibres qui permettent notamment de réguler le transit intestinal et     assurent un apport permettant de couvrir les besoins en divers minéraux et vitamines (potassium, vitamine A, vitamine C, vitamine B9…etc).

Il est recommandé de manger 3 portions (100 à 150g) de fruits par jour.

–       Des viandes/poissons/œufs aux repas midi et soir, principales sources de protéines qui sont bien sur indispensables pour la prise de masse musculaire.

–       4 produits laitiers par jour : yaourt, fromage blanc, fromage, lait…etc.

Ne jamais prendre de produits laitiers à 0% de matière grasse (écrémés) et cela même lorsque l’on souhaite perdre du poids car ils sont dépourvus de vitamine D indispensable au développement et l’entretien de la trame osseuse qui subit des traumatismes à l’effort.

–       Des matières grasses en quantité modérée à chaque repas en privilégiant les matières grasses d’origine végétale (huiles et margarine) aux matières grasses d’origine animale (beurre, crème, saindoux, graisse d’oie), notamment l’huile d’olive pour les cuissons et l’huile de colza ou de noix pour les assaisonnements qui grâce à leur richesse en oméga 3 ont des effets bénéfiques pour lutter contre les risques cardio-vasculaires et l’inflammation des articulations à l’effort.

–       Des produits sucrés pour le plaisir : 2 à 3 fois par semaine.

Il ne faut pas être trop strict au niveau alimentaire lorsque l’on est sportif même si l’on souhaite perdre du poids car cela peut procurer un sentiment de frustration qui à long terme peut entrainer entre autre une démotivation générale.

–       Enfin boire 2L d’eau par jour et ajouter 1 à 1,5 L d’eau les jours d’entrainement

Exemple d’une journée équilibrée pour une personne pratiquant la musculation* :

Petit déjeuner :

Pain

Beurre

Confiture

Yaourt nature + sucre

Orange

Thé

Déjeuner :

Carottes vinaigrettes

Saumon au four

Gratin de brocolis

Pain de campagne

Fromage blanc + sucre

Crème dessert vanille

Collation :

1 laitage (yaourt, fromage blanc, verre de lait…etc.)

1 fruit

Diner :

Potage

Escalope de volaille à la crème

Riz basmati et champignons de paris

Pain aux céréales

Brie

Poire

* Les quantités varient d’un individu à l’autre en fonction des besoins énergétiques et de la période dans laquelle se trouve le sportif.

Il y a 2 phases dans la musculation entre lesquelles oscillent les sportifs :

–       Phase de prise de masse

–       Phase de sèche

Les principes d’équilibre alimentaire énoncés précédemment sont les mêmes peu importe la phase dans laquelle se trouve le sportif mais les quantités de certains aliments changent :

–       La quantité de féculent consommée sera plus élevée en période de prise de masse qu’en sèche mais il est essentiel d’avoir un apport de féculent à chaque repas même lorsque l’on souhaite perdre du poids.

–       Les sportifs en période de sèche peuvent s’ils ont besoin d’être rassasiés car la quantité de féculents diminue, augmenter l’apport en légumes verts.

–       Les quantités de viande/poisson/œuf augmentent en phase de prise de masse.

Les sportifs peuvent manger des portions de 200g à chaque repas alors qu’en phase de sèche, il est conseillé d’avoir une portion normale (100 à 120g).

Il est essentiel de consommer ces aliments au déjeuner et diner.

–       4 produits laitiers par jour : yaourt, fromage blanc, fromage, lait…etc.

La quantité de produits laitiers ne change pas mais c’est la teneur en matière grasse qui sera différente.

En prise de masse, privilégier des produits laitiers au lait entier contre des produits laitiers au lait demi-écrémé en période de sèche.

–       Le sportif en période de sèche diminuera ses apports de matière grasse aux repas par rapport à ce qu’il faisait durant sa prise de masse, en maintenant des apports minimums de 10g par repas soit 10g de beurre ou 1 cuillère à soupe d’huile.

–       2 fois par semaine des produits sucrés en période de sèche contre 3 en prise de masse.

–       Toujours maintenir des apports hydriques comme indiqués précédemment dans l’article.

–       Pour ceux utilisant un complément alimentaire en période de prise de masse, utiliser ce qu’on appelle du « gainer » qui contient à la fois des protéines mais aussi des glucides et des lipides afin d’avoir un apport énergétique conséquent tandis qu’en période de sèche, utiliser de la whey qui ne contient que des protéines et permet l’entretien de la masse maigre tout en participant aux objectifs de perte de masse grasse.

La dose et le type de complément à prendre ainsi que la période dans la journée à laquelle ils seront pris doivent être définis avec des vendeurs spécialisés dans ce domaine en fonction du poids du sportif.

Conclusion :

La pratique de la musculation nécessite de suivre un équilibre alimentaire qui varie en quantité en fonction des objectifs à atteindre.

Il faut veiller à ne jamais consommer en excès des protéines, ce qui serait à long terme entres autres néfaste pour les reins.

Au-delà de 2g de protéines par kilogramme de poids de corps par jour, la prise de masse musculaire n’est pas augmentée et au contraire tous les excès d’apports en protéines ne sont pas utilisés par l’organisme.

C’est pour ces raisons que l’utilisation d’un complément alimentaire source de protéines doit être pris avec précaution en suivant les conseils d’un professionnel.


Regimes alimentaires

Pourquoi vous prendrez sûrement de la bûche même si la dinde vous a rassasié

Il est clair que la tendance est à l’abondance voire à l’excès pendant les repas des fêtes de fin d’année. Question existentielle: comment peut-on humainement encore prendre de la bûche alors que, quand on y réfléchit bien, dès l’apéro on n’avait déjà plus envie d’avaler un douzième toast au foie gras?

«Une des raisons pour laquelle nous pouvons continuer à manger comme ça est un phénomène appelé « rassasiement sensoriel spécifique »», explique The Guardian:

«Nous pouvons en avoir assez d’une sorte d’aliment, mais avoir encore de l’appétit pour autre chose.»

La faim et l’envie de manger, processus aux nombreux facteurs à la fois physiologiques et psychologiques, sont contrôlées par des signaux notamment mécaniques, chimiques, ou sensoriels (le goût et l’odorat en l’occurrence). Selon une définition de la revue Appetite:

«Le concept de rassasiement sensoriel spécifique (RSS) décrit la diminution progressive, jusqu’au rassasiement, du plaisir tiré de la consommation d’un aliment déterminé alors que le plaisir lié à d’autres aliments présentant des caractéristiques sensorielles différentes n’est pas affecté.»

Comme l’explique Jean-Michel Lecerf dans son ouvrage Poids et obésité, il est différent du «rassasiement conditionné», qui «permet au mangeur d’ajuster son comportement alimentaire à la teneur énergétique de chaque aliment et de prévoir les conséquences métaboliques de son ingestion».

Le processus de «rassasiement sensoriel spécifique» est là pour notre survie… Comme nous sommes omnivores, nous devons manger des aliments un minimum variés. Donc ce mécanisme nous empêche de ne manger que notre nourriture préférée avec obstination. Car évidemment, quelqu’un qui ne se nourrirait que de M&M’s ou de reblochon fermier ne resterait pas longtemps en bonne santé.

Marion Hetheringon, prof de biopsychologie à l’université de Leeds, explique au Guardian:

«Si je mange un plat de pâtes, au début, je vais me régaler. A mi-chemin, elles ne vont plus me sembler aussi bonnes. Puis je vais ajouter un peu de sauce pour les rendre meilleures. Ou je vais dire ça suffit, j’ai fini, je vais passer à la salade.»

Le phénomène serait plus actif chez les bébés et les enfants, période où la diversification de l’alimentation est primordiale. Du coup, pour Hetherington, forcer un enfant à terminer une assiette de légumes verts serait aller à l’encontre de ses signaux internes:

«L’enfant s’habituera à écouter les signaux environnementaux pour déterminer ce qu’il doit manger, et non ses propres signaux comme la faim et la satiété.»

Selon The Guardian, ce phénomène se retourne un peu contre nous dans notre monde moderne d’abondance (tout comme nos préférences pour le sucré, censées nous aider à survivre, mais engendrant aujourd’hui surtout de l’obésité). Comme on peut accéder à une variété incroyable de nourriture très facilement (car ce raisonnement ne marche pas dans une société où l’on n’a pas d’autre choix que de manger du riz trois fois par jour), le «rassasiement sensoriel spécifique» rend dans certaines circonstances le «trop manger» plutôt agréable.

Et l’ouvrage de Jean-Michel Lecerf ne dit pas autre chose:

«Ce mécanisme fondamental permet de s’opposer à la monotonie alimentaire et à ses conséquences, telle la carence, mais au contraire conduit à une suralimentation en cas de trop grande variété alimentaire, comme dans les régimes cafétéria, modèles de constitution de l’obésité chez les animaux de laboratoire.»

Mais pour en revenir à Noël, si votre repas est constitué uniquement de toasts au foie gras, vous allez donc sans doute manger beaucoup moins que si votre dîner est composé de plusieurs plats différents, et ce même si vous adorez le foie gras. Après, les agapes souvent pantagruéliques de fin d’année ont bien d’autres explications mêlant tout un tas de traditions, habitudes familiales et conventions sociales.

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alimentation au ski

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Les vacances au sport d’hiver approchant, voici un article présentant des conseils alimentaires à adopter à cette période de l’année où parfois les accidents sont dus à une alimentation inadaptée.

Les sports d’hiver (ski, snowboard, ski de fond) sont extrêmement exigeants physiquement et nécessitent des apports alimentaires spécifiques.

Cette alimentation doit à la fois pouvoir répondre aux besoins nécessaires du à l’effort physique et au plaisir des mets proposés par la cuisine montagnarde.

Voici des conseils diététiques pratiques et simples à mettre en œuvre :

 

1-   L’hydratation dans son alimentation :

C’est souvent la première chose que l’on néglige car avec le froid, les sensations notamment celle de la soif sont perturbées. Il est essentiel de boire de manière répartie dans la journée 2 à 3 L d’eau en fonction de la durée des efforts fournis.

La première cause d’épuisement à l’effort, de crampe, perte de vigilance, blessure…etc est la déshydratation.

 

2-   Des Féculents dans son alimentation :

Comme pour tout sport, il est essentiel d’avoir un apport en féculents à chaque repas : pain, pâtes, riz, semoule, pommes de terre…etc. et éventuellement une collation source de glucides à assimilation rapide tels que des biscuits.

 

3-   Des sources de protéines dans son alimentation :

Il est essentiel d’avoir des sources de protéines à chaque repas soit sous forme de viandes/poissons/œufs (2 portions par jour de 100 à 120g) et 3 à 4 produits laitiers par jour (yaourt nature, fromage, fromage blanc, petit suisse, lait…etc.).

Ces protéines viennent cicatriser les muscles lésés par les efforts répétés chaque jour.

 

4-   Conserver des fruits et légumes dans son alimentation :

Ce n’est pas la période la plus propice pour manger des fruits et légumes mais il reste indispensable de consommer au moins 1 à 2 fruits par jour et des légumes à l’un des deux repas principaux afin de conserver un apport en fibres correct et d’éviter tout risque de constipation.

 

5-   Avoir une alimentation diversifiée

Durant ces vacances, nous avons souvent tous tendance à nous nourrir de manière peu diversifiée et grasse. Il faut donc essayer, comme indiquent les idées de repas ci-dessous, de varier au maximum l’alimentation qui permettra d’avoir des apports nutritionnels eux aussi plus variés.

 

6-   Attention à l’alcool dans son alimentation

Il n’est pas rare d’entendre parler de faits divers pour ne pas dire « d’hiver » évoquant des personnes alcoolisées ou accidentées en état d’ébriété sur les pistes.

Il est bien sûr conseillé de ne pas s’alcooliser durant les périodes d’effort et de se limiter à deux verres d’alcool pour l’homme et un pour la femme chaque jour.

L’alcool déshydrate les muscles et empêche une récupération correcte.

Si toutefois, vous deviez avoir eu une soirée alcoolisée, il est préférable de parfois s’octroyer une journée de repos et de toujours penser à bien s’hydrater.

Exemple d’une journée équilibrée, associant plaisir et pratique sportive pour une personne durant ses vacances de sport d’hiver :

Petit déjeuner :

Pain ou biscotte ou pain de mie ou céréales

Beurre

Confiture ou miel

Yaourt nature + sucre ou fromage blanc + sucre ou chocolat chaud

Fruit

Boisson (eau, thé, café)

Déjeuner :

Sandwich jambon / beurre / emmental ou croque monsieur ou spaghettis bolognaise

Végétariens : sandwich thon / mayonnaise / crudités / emmental ou salade de chèvre chaud

Eau ou boisson sucrée (jus de fruit, coca…etc.)

Fruit ou compote

Collation :

1 chocolat chaud (1 mug de lait ½ écrémé + poudre de chocolat)

1 barre céréalière

Diner type raclette :

Pommes vapeurs

4 à 5 tranches de fromage

Charcuterie en privilégiant les charcuteries maigres (- 10% matière grasse)

(viande des grisons, bacon, blanc de poulet, jambon, noix de bœuf…etc.) ou

1 filet de poisson ou 2 œufs pour les végétariens

Salade verte

Fruit ou compote

Diner type Fondue :

Pain + fromage fondue associé à :

2 tranches de jambon blanc

Crudités (salade verte, tomate, carottes râpées…etc.)

Dessert sucré

Diner type Tartiflette :

Tartiflette ou tartiflette sans lardon pour les végétariens en modérant la quantité

Afin d’y associer une crudité

Fruit ou compote

Conclusion :

Passer des vacances aux sports d’hiver est avant tout un moment de détente et de plaisir mais pour lequel l’alimentation joue un rôle important. Ces quelques conseils permettront d’associer plaisirs sportifs et culinaires tout en adoptant une diététique adaptée à la pratique de ces sports exigeants.


Regimes alimentaires

Prendre des vitamines, c’est jeter de l’argent par les fenêtres

Il se pourrait bien que les vitamines, oligo-éléments et autres compléments alimentaires ne servent à rien, selon une étude publiée par la revue Annals of Intern Medicine.

En France, les compléments alimentaires ont la cote: selon l’étude INCA2 de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments sur la période 2006-2007 et parue en 2009, «près de 20% des adultes ont consommé un complément alimentaire au cours de l’année précédente et un peu plus de 11% au cours des sept jours de l’étude» (p.139).

L’étude a été menée par trois chercheurs de l’université John Hopkins, Eliseo Guallar, Lawrence Appel et Edgar R. Miller, un chercheur britannique de l’université de Warwick, Saverio Stranges, et une éditrice de la revue, Cynthia Mulrow. Les résultats ont mis en évidence l’absence de bénéfices à la prise régulière de compléments alimentaires. 27 essais ont été menés, testant trois cocktails multivitaminés et 24 vitamines seules ou couplées sur plus 400.000 participants, et les chercheurs se sont rendu compte qu’aucun de ces suppléments n’avait d’effet sur la prévention des décès toutes causes confondues ou des maladies cardiovasculaires.

CBC relève dans l’étude que les compléments alimentaires peuvent même néfastes. La vitamine E a des effets nocifs à haute dose, le ß-carotène augmente le risque de cancer du poumon chez le fumeur et les anti-oxydants et autres vitamines B n’ont aucun effet notable. L’enquête préconise même l’abandon de tout essai de nouveau compléments alimentaires.

C’est l’usage massif des compléments alimentaire qui est visé, explique CBC. N’apportant aucun bénéfice, les compléments alimentaires ne sont qu’une dépense inutile sur laquelle les gens se jettent en pensant rester en bonne santé, alors qu’il leur serait plus profitable consommer plus de fruits et légumes et moins de sel, d’acide gras trans et saturé et d’augmenter leur activité physique, toujours selon Lawrence Appel cité par CBC.

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Ne croyez pas l’histoire de la drogue krokodil qui aurait «pourri le sexe» d’une adolescente au Mexique

Quand plusieurs sites américains reprennent la même information venant de médias mexicains en indiquant à chaque fois dans leur titre que celle-ci n’est pas totalement vérifiable ou vérifiée, il y a généralement de quoi être prudent. «Une adolescente mexicaine se serait injectée du krokodil dans les parties génitales», titrait par exemple le Huffington Post vendredi 6 décembre. «Une adolescente affirme que le Krokodil a mangé ses organes génitaux», écrivait Gawker trois jours plus tard.

Vous avez probablement déjà entendu parler de la «drogue crocodile» (krokodil en anglais), cette drogue composée de codéine, de carburant et de diluant pour peinture apparue en Russie au cours des années 2000 que nous évoquions ici-même en septembre. Ses effets dévastateurs marquent généralement les esprits: décomposition de la chair jusqu’à l’os, gangrène, amputation, défaut d’élocution, lésions cérébrales et mobilité réduite. Autre fait effrayant, selon un article du magazine américain Time de 2011: «Un consommateur régulier de krokodil meurt au bout de deux ou trois ans, et ceux qui surmontent leur addiction en ressortent souvent défigurés.»

Après avoir fait d’importants dégâts en Russie, où elle compterait entre 100.000 et 1 million d’utilisateurs, et avoir été plusieurs fois annoncée comme envahissant les Etats-Unis, voilà donc qu’elle se répandrait chez le voisin mexicain. La preuve? Cette citation de José Sotero Ruiz Hernandez, un membre de l’Institut national mexicain de la migration, rapportée par les médias locaux et traduite par le Huffington Post:

«La jeune femme qui a utilisé cette drogue avait une infection qui avait fait pourrir ses parties génitales. Ce n’était pas sexuellement transmissible. Elle a dit qu’elle consommait du krokodil depuis deux mois.»

Pour un cas bien documenté et solide, il faudra repasser. On retrouve ici une autre spécificité du krokodil: le flou médiatique et le manque d’informations fiables qui l’entoure.

Le Huffington Post lui-même souligne qu’il n’y a pas eu de cas confirmé de consommation de krokodil aux Etats-Unis depuis 2004, et écrit:

«Les sceptiques affirment que les cas où des consommateurs de drogue en intraveineuse présentaient des plaies écailleuses ou de la chair pourrie associées au krokodil pourraient être dus à des infections contractées après l’utilisation de seringues sales.»

Jeudi dernier, le magazine Time, décidément très intéressé par la drogue, publiait un reportage photo saisissant sur les dégâts du krokodil dans un repère de drogués de Yekaterinburg en Russie intitulé: «La drogue la plus mortelle du monde: à l’intérieur d’une fabrique de krokodil».

Là encore, le raisonnement du journaliste est difficile à suivre: après avoir écrit qu’il y a «désormais des histoires alarmantes selon lesquelles le monstre serait lâché aux Etats-Unis», il se reprend lui-même en concédant que «les responsables de la lutte contre les drogues estiment que les peurs d’une épidémie de krokodil imminente sont exagérées».

Interrogé récemment par le Colombus Dispatch, le docteur Henry Spiller, directeur du Centre sur le poison de l’Ohio, était lui aussi pour le moins sceptique:

«Il n’y a pas de krokodil aux Etats-Unis. Nous le cherchons depuis quelques temps. Personne n’a d’échantillon vérifié dans son laboratoire. Aucun. Zéro.»

En fait, le seul cas crédible de consommation de krokodil aux Etats-Unis a été rapporté cet automne dans un article sur le site de l’American Journal of Medecine où des docteurs affirmaient avoir traité un patient pour consommation de krokodil en 2012. Quelques semaines plus tard, l’article était retiré temporairement du site parce qu’il avait été «publié prématurément avant d’avoir été entièrement vérifié», selon une porte-parole de l’hôpital où le mystérieux patient aurait été traité. Le retrait de l’article n’a pas étonné certains blogueurs scientifiques qui avaient déjà critiqué sa faiblesse méthodologique, sa terminologie imprécise et sa «grammaire catastrophique».

Cet article est donc à oublier, ce qui nous laisse… aucun cas de consommation de krokodil vérifié aux Etats-Unis. L’article du Colombus Dispatch explique d’ailleurs pourquoi la drogue ne prendra sans doute jamais aux Etats-Unis: elle est utilisée en Russie et en Europe de l’Est parce que la vraie héroïne est rare et que les drogués préfèrent consommer un substitut d’héroïne qui leur dévore la peau plutôt que pas d’héroïne du tout. Mais aux Etats-Unis, l’héroïne est facile à trouver, et les consommateurs n’ont aucune raison d’en arriver à de tels extrêmes.

Affaire Moitoiret: des experts psychiatres au banc des accusés

Le 22 novembre, Stéphane Moitoiret, un marginal de 44 ans, a été condamné en appel à trente ans de réclusion criminelle par la cour d’assises du Rhône. Il était accusé d’avoir assassiné, dans l’Ain en 2008, un jeune garçon alors âgé de 10 ans.

Inférieure à la réclusion à perpétuité prononcée en première instance dans l’Ain, en 2011, la condamnation est assortie d’une peine de sûreté de vingt ans. Tous les experts ont estimé que l’accusé souffrait de troubles psychotiques majeurs, mais une courte majorité d’entre eux a toutefois cru pouvoir conclure qu’il n’était pas totalement irresponsable de ses actes.

Expert près la Cour de cassation, membre de l’Académie de médecine et psychiatre à l’hôpital Sainte-Anne, le Pr Jean-Pierre Olié, 68 ans, est l’une des voix qui compte dans sa spécialité. Il confie être «profondément meurtri» par le comportement, les faits et les dires de certains de ses confrères commis dans cette affaire.

C’est ce qui l’a poussé à s’exprimer publiquement en des termes violents sur une affaire qui vient d’être jugée –situation rarissime dans le milieu de la psychiatrie judiciaire– en estimant en substance que cette affaire signe définitivement la faillite de l’expertise psychiatrique française. Il le dit dans un texte que cosigne Philippe Charrier, président de l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques (Unafam) et s’en explique pour Slate.fr.

«Justice a-t-elle vraiment été rendue?»

«Stéphane Moitoiret a été condamné à 30 ans de réclusion pour un acte atroce, commis sans motif compréhensible, sur un enfant de dix ans qu’il ne connaissait pas, écrivent les deux hommes. Moitoiret a commis l’horreur, nul ne le conteste. Les jurés du Rhône, après ceux de l’Ain qui l’avaient condamné à la perpétuité en appel, ont puni à hauteur de la gravité de son crime le monstre Moitoret. La vengeance est passée, la société est rassurée. Mais justice a-t-elle vraiment été rendue?»

Pour le Pr Olié, on ne peut reprocher à des jurés d’avoir puni un acte odieux sans considérer que son auteur nécessitait de préférence une prise en charge psychiatrique. Plus précisément, ce reproche ne peut leur être fait dès lors que les différents experts commis par la justice dans cette affaire n’ont pas été capables de s’accorder sur le fait de savoir si l’accusé était pour partie responsable ou totalement irresponsable.

«Comment des experts psychiatriques sensés connaître les symptômes d’une maladie mentale peuvent-ils ne pas être capables de s’entendre sur cette question fondamentale?, demande-t-il. Comment accorder crédit à une expertise concluant à la responsabilité, en omettant que l’accusé avait fait un séjour en milieu psychiatrique plusieurs années avant l’acte horrible à l’origine de sa comparution devant une cour d’assises? Comment neuf experts ont-ils pu s’entendre unanimement sur le diagnostic de trouble psychotique et en conclure, les uns qu’il y avait ‘’abolition du discernement » et les autres simple ‘’altération » et donc responsabilité partielle?»

«Régressions de notre société en crise»

Il accuse certains de ses confrères de s’être pris «pour des philosophes» au lieu, plus modestement, «de faire leur métier de soignants». Il les accuse aussi d’avoir pu affirmer qu’en dépit de sa maladie, l’accusé gardait une part de «libre arbitre» et donc de «responsabilité», et qu’il était «justifié de le punir le plus sévèrement possible». Il ajoute que désormais, Stéphane Moitoiret aura d’autant plus de difficultés à se soumettre à des soins que la justice, et donc la société, «n’aura pas pleinement reconnu sa folie».

Pour le Pr Olié, le cas Moitoiret «signe la faillite de l’expertise psychiatrique» dans la mesure où elle est «incapable d’expliquer simplement à un jury d’assises que, même criminel, un malade mental grave doit être soigné». «En mettant Moitoiret en prison, la société conjure sa peur. La folie fait peur. Et l’adage ‘’demi fou, double peine », qu’on croyait obsolète, a repris du galon», ajoute-t-il.

Le psychiatre hospitalier va plus loin:

«Le cas Moitoiret entrera dans l’histoire des régressions dont témoigne notre société en crise. Une société aux prises avec de graves tensions économiques et sociales, plus encline à tomber dans la facilité de la vengeance qu’à reprendre à son compte les valeurs humanistes qui, dès le début du XIXème siècle, délivrèrent les aliénés de leurs chaînes. Même les Romains considéraient les fous comme déjà trop punis par les dieux pour encourir en plus la punition des hommes.»

«L’un des nœuds du problème se situe Place Vendôme»

Au-delà de ce cas d’ores et déjà emblématique, que faire? «L’un des nœuds du problème se situe Place Vendôme, déclare-t-il à Slate.fr. Les ministres de la Justice passent mais les immobilismes et les pesanteurs demeurent. La justice veut garder le pouvoir sur la nomination des experts psychiatres. On peut le comprendre. Mais on ne peut pas accepter que ce pouvoir ne soit pas éclairé par une évaluation des compétences.» Avant d’ajouter:

«On ne peut pas accepter que des experts qui ne savent plus ce que veut dire formation continue portent des diagnostics dont eux seuls connaissent la signification. Il faut reformuler la liste des questions qui sont posées par les juges aux experts. Il faut impérativement que nous puissions nous prononcer sur les traitements que l’état de santé des personnes accusées réclame et réclamera. Et il faut et que l’on cesse, par hantise contagieuse de la récidive, de vouloir nous transformer en machine à pronostic.»

Jean-Yves Nau

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