Il y a cinq ans, Derek Nance a commencé à se nourrir uniquement avec de la viande crue, pour guérir tout seul une mystérieuse maladie. Après moult essais de régimes alimentaires inefficaces, il s’est senti beaucoup mieux en suivant cette «version carnivore du régime paléolithique».
Il n’a pas abandonné depuis. Vice l’a interviewé, et le carnivore déclare qu’il n’a jamais été en meilleure santé (même si son système digestif a demandé un petit temps d’adaptation au début).
Derek mange surtout de l’agneau cru, beaucoup de viande locale, amène sa gamelle quand il est invité à dîner, mais confie que sa famille le prend pour un fou. Sa petite amie, Joanne, est végétarienne.
L’homme a l’air en forme, mais que disent les nutritionnistes à ce sujet? Est-ce qu’il y a des bénéfices, des dangers à adopter ce régime alimentaire? The Guardian a interrogé des spécialistes.
D’abord, est-ce que le corps humain tolère vraiment la viande crue? Pour Beth Mayer-Davis, présidente du département de nutrition à l’université de Caroline du Nord, le cru n’est pas forcément problématique, on mange bien des sushis et du steak tartare… Mais il faut se pencher sur les risques de contamination (E coli ou d’autres bactéries) et être conscient des possibles intoxications qui augmentent avec les quantités:
«La sécurité alimentaire est très importante dans ce cas-là.»
Concernant l’équilibre de ce régime, la nutritionniste explique qu’en effet, comme l’affirme Dereck «les abats sont très riches en éléments nutritifs», mais les risques de carences sont nombreux, en fibres par exemple. Logique, «plus on limite le type d’aliments que l’on mange, plus on limite l’opportunité d’avaler des petites quantités de nutriments différents». Et puis ne manger que de la viande crue signifie manger de très grosses quantités de protéines et de graisses saturées. Pas très recommandé pour les artères, donc.
Lisa Young, nutritionniste, auteur et prof à New York, précise au Guardian qu’on ne peut pas «extrapoler sur les résultats de ce régime. Si cet homme a survécu, tant mieux, son patrimoine génétique l’a peut-être aidé. Mais cela ne signifie pas qu’une autre personne sera capable de suivre ce régime».
Les deux nutritionnistes ne voient «aucun avantage» à ce type de régime. Cependant, pour Dereck, elles recommandent de faire vraiment attention aux intoxications alimentaires lors de la conservation et de la préparation de la viande, et d’éviter le poulet, «porteur de salmonelle».
En attendant, Dereck Nance va sans doute continuer tranquillement sa vie de mangeur de viande crue. Il est même récemment devenu boucher, raconte Vice, tout en donnant de temps en temps un coup de main au bar à jus de fruits de sa petite amie.
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100 grammes de viande rouge par jour augmenterait de 19% les risques de diabète. C’est en tous cas ce que révèle une étude réalisée par des chercheurs de l’Université d’Harvard aux Etats-Unis et relayée dans » Le Parisien » du 11 août. Cette étude révèle également que manger quotidiennement 50 grammes de viande rouge transformée, type saucisses et hot-dog, augmenterait de 51 % les risques de devenir diabétique. Elle a été menée auprès de plus de 440 000 personnes. 37 000 hommes sur une période de 20 ans, 80 000 femmes pendant 28 ans ainsi que 85 000 infirmières sur une période de 14 ans et enfin 115 000 personnes interrogées par questionnaire. Sur ce total, 28 000 sont devenus diabétiques. » Sans aucun doute, les résultats de cette étude ont des implications très importantes sur la santé publique, étant donné la multiplication des cas de diabète de type 2 qui prend une tournure d’épidémie, combinée à un accroissement de la consommation de viande rouge dans le monde, a ainsi commenté, Frank Hu, docteur à la tête de cette étude. La bonne nouvelle, c’est que ces facteurs de risques préoccupants peuvent être éliminés en remplaçant la viande rouge par des sources de protéines plus saines « . Ainsi, la consommation de céréales, de noix ou de laitages allégés pourrait permettre de réduire le risque de souffrir de diabète. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 220 millions de personnes à travers le monde souffrent de diabète.
L’un d’eux, dont le pronostic vital était engagé, est désormais hors de danger.