JO: le bronze rend plus heureux que l’argent
Les plus satisfaits après la fin des épreuves olympiques ne sont pas forcément ceux qui ont la meilleure récompense.

Puisqu’une médaille d’or récompense le vainqueur, l’argent le second et le bronze le troisième, on pourrait penser que le bonheur ressentit par les sportifs suivrait le même ordre, avec le médaillé d’or le plus heureux de tous, suivi dans l’ordre par le deuxième puis le troisième. Mais les Jeux olympiques de Londres ont une nouvelle fois illustré que la plupart des médaillés de bronze étaient étrangement plus heureux que ceux qui les avaient devancé avec l’argent.

La Française Marlène Harnois, médaillée de bronze en Taekwondo était ainsi clairement ravie de sa troisième place, alors que lors de la cérémonie de remise des médailles, la Chinoise cachait mal sa déception de n’avoir décroché que l’argent. En cyclisme sur piste, sur le podium, Gregory Baugé ne pouvait cacher pas sa déception d’avoir raté l’or face au Britannique Kenny, alors que le troisième, l’Australien Shane Perkins affichait un franc sourire avec le bronze autour du cou.

Ce constat peut paraître logique pour les sports de combats et les sports collectifs où le second a perdu sa dernière confrontation alors que le bronze finit sa compétition sur une victoire mais il s’observe également sur les autres disciplines en natation comme en athlétisme. L’explication la plus simple est donnée par des mécanismes de regrets. Le médaillé de bronze sait qu’il a échappé de peu à la pire des places, celle qui ne rapporte aucune médaille: la quatrième position, alors que le deuxième s’en veut de ne pas avoir décroché la première place, sachant que les deux lui valent de toute façon une médaille.

Le bonheur noté de 1 à 10

Ce constat illustré à de nombreuses reprises lors des JO londonniens, qui n’empêche pas d’avoir des médaillés d’argent qui exultent sincèrement de joie après l’épreuve, a été vérifié de manière scientifique en 1995 par Victoria Medvec, Scott Madey and Thomas Gilovich, psychologues à l’université de Cornell aux Etats-Unis. Ils ont utilisé des vidéos des Jeux de Barcelone en 1992, et plus particulièrement les moments où le classement final était annoncé ainsi que les cérémonies de remise des médailles et ils les ont montrés à des étudiants. Les chercheurs ont demandés à leurs cobayes de noter sur 10 les sentiments affichés par les athlètes, avec 1 pour la plus grande tristesse et 10 pour l’extase la plus totale.

Juste après les compétitions, les médaillés d’argent obtenaient en moyenne un score de 4,8 sur cette échelle de bonheur, bien inférieur au 7,1 des médaillés de bronze. Plus tard dans la journée, pour la remise des médailles, l’écart se réduisait un peu, avec 4,3 pour les seconds et 5,7 pour les troisièmes.

En 2006, le psychologue David Matsumoto de la San Francisco State University a confirmé ce résultat avec une étude réalisée après les Jeux d’Athènes en 2004, spécifiquement sur les compétitions de judo. Si après la déception de la défaite en finale, presque aucun des médaillés d’argent ne souriait tout de suite, 96% des athlètes retrouvaient ensuite le sourire sur le podium. Mais une analyse plus fine a montré que les sourires des deuxièmes étaient plus forcés, alors que les premiers et les troisièmes avaient plus de sourires de Duchenne, qui expriment une joie sincère, avec contraction des muscles qui entourent les yeux.

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