Comment le bonheur se traduit dans vos gènes
Crédits photo : © Fotolia

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« Comment le bonheur se traduit dans vos gènes » par le Docteur Erard de Hemricourt.

« Faire du bien est le plus vrai bonheur que le cœur humain puisse goûter » disait le poète et écrivain Jean-Jacques Rousseau en 1777. Et bien, presque 250 ans après, les faits scientifiques semblent lui donner entièrement raison.

Une équipe de chercheurs américains vient de montrer que le bien-être a une influence directe sur l’expression de certains de nos gènes, impliqués dans nos défenses immunitaires et l’état inflammatoire de notre organisme (A functional genomic perspective on human well-being. Barbara L. Fredrickson et al. PNAS 2013; July 29, 2013, doi:10.1073/pnas.1305419110).

Pour commencer, les spécialistes ont défini deux groupes de patients : ceux qui pratiquaient l’hédonisme et ceux qui aspiraient à l’eudémonisme. Pour faire simple, l’hédonisme est une manière de vivre pour obtenir du plaisir personnel. Le but de la vie est de rechercher le plaisir (par tous les moyens) et d’éviter tout ce qui nuit ou freine ce plaisir.

En comparaison, l’eudémonisme peut être considéré comme une sorte d’altruisme ou le plaisir personnel découle des actes que l’on fait ou que l’on rend autour de soi. Les philosophes retiennent plus aisément que l’hédonisme sert à renforcer son plaisir personnel et que l’eudémonisme sert à nouer et renforcer des liens sociaux, à créer un environnement social positif autour de soi.

Et bien que ces deux conceptions du plaisir semblent distinctes, ils sont souvent liés l’une à l’autre et peuvent s’influencer réciproquement. Le but de l’étude américaine était justement de voir quelles étaient les implications biologiques et génétiques liées à ces deux formes de bien-être.

Afin de réaliser cette étude, 80 patients ont été sélectionnés sur base d’un questionnaire précis (Short Flourishing Scale) et ensuite répartis dans les deux catégories de bien-être, en fonction des réponses apportées. Les chercheurs ont ensuite réalisé des prélèvements sanguins et analysés le profil génétique de chacun des patients.

Sur un total d’environ 21.000 gènes présents dans notre génome, une série de gènes avaient déjà montré une réponse adaptive en fonction des conditions externes comme le stress, le sentiment de menace ou d’inquiétude. Ces gènes regroupés sous le terme CTRA pour ‘Conserved Transcriptional Response to Adversity’ interviennent dans l’élaboration de certaines réponses inflammatoires, dans les réactions de défenses du système immunitaire, dans la production d’anticorps, etc.

D’après les résultats publiés, les patients qui présentaient un état de bonheur eudémonique/altruiste avaient une expression réduite des séquences CTRA liées aux molécules inflammatoires et présentaient également un renforcement de l’expression de gènes impliqués dans les réponses antivirales.

À l’opposé, les patients hédoniques avaient une surexpression des séquences CTRA et une réduction des réponses antivirales de l’organisme. Il semble donc que, d’après cette étude, bien que les deux formes de bien-être semblent liées conceptuellement, les implications génétiques et biologiques se situent totalement à l’opposé.

En d’autres termes, atteindre un état de bien-être en diffusant du bonheur autour de nous serait très bénéfique pour notre organisme. A l’inverse, un comportement purement hédonique où seul notre plaisir personnel nous importe serait plutôt délétère d’un point de vue biologique.

D’après le Dr Steven Cole ayant participé à cette étude, la présence de stimuli négatifs provenant de notre environnement social peut d’une manière activer une inflammation et provoquer des maladies cardiaques, neurodégénératives ou d’autres affections et limiter nos capacités de défenses antivirales.

Toujours d’après le Dr Cole : « cette étude nous dit que faire du bien [autour de soi] et se sentir bien ont des effets très différents sur nos gènes même si le sentiment de bien-être général qui en découle semble être de même nature. Apparemment, notre génome humain semble être beaucoup plus sensible que notre conscience aux différentes voies qui nous mènent au bonheur ».

Docteur Erard de Hemricourt pour News Santé ©2013 – Tous droits réservés
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