Bien manger et faire du sport fait bien rajeunir

Certains y verront la simple confirmation, obtenue par les outils de la génétique moléculaire, du bien-fondé de recettes ancestrales d’origines généralement orientales. Pour les autres, ce sera la démonstration scientifique que l’on peut bel et bien augmenter son espérance de vie en modifiant quelques aspects de sa vie quotidienne.

Dans tous les cas, le résultat hors du commun obtenu par un groupe de l’Institut de médecine préventive l’Université de Californie (San Francisco) fournit une nouvelle preuve, objective et reproductible, qu’il existe une réelle «plasticité environnementale» du corps humain à l’échelon cellulaire et moléculaire; une plasticité généralement insoupçonnée par la médecine moderne et dont on est encore loin d’avoir pris toute la mesure et les potentialités.  

Cette étude pilote, qui vient d’être publié sur le site de The Lancet Oncolog, a été financée par le département américain de la Défense, les Instituts nationaux américains de la santé ainsi que par différentes fondations privées. Elle a été menée, sous la direction du Pr Dean Ornish, par quatorze biologistes et médecins de diverses disciplines (psychiatres, urologues, cancérologues). Leurs travaux ont été menés chez des hommes pour lesquels un diagnostic de cancer de la prostate à très faible risque d’évolution venait d’être porté.

Tous avaient préféré une surveillance active plutôt que des thérapies conventionnelles (chirurgie, radiothérapie) dont les effets secondaires peuvent être source de handicaps importants. Deux groupes ont été constitués; l’un composé de 10 personnes et l’autre de 25. On a demandé aux premiers de modifier plusieurs aspects de leur mode de vie et pas aux autres.

Ces changements de mode de vie concernaient notamment l’alimentation (en privilégiant un régime à base de fruits et de légumes et la réduction des graisses saturées), une activité physique ainsi qu’un recours à des techniques de gestion du stress (comme la méditation, le yoga ou la relaxation durant une heure par jour). L’exercice physique était modéré (marche 30 minutes par jour et six jours par semaine) et l’ensemble devait être associé à  une rencontre hebdomadaire de soutien collectif.

Différentes recherches avaient déjà démontré par le passé que le fait d’adopter ce nouveau style de vie pouvait conférer de réels avantages médicaux; en freinant par exemple —voire en inversant— l’évolution de certaines affections cardiaques. Aucune étude prolongée n’avait encore démontré que des changements de style de vie pouvaient avoir un effet cellulaire «rajeunissant». C’est désormais chose faite.

L’équipe du Pr Ornish s’est intéressée aux télomères. On désigne ainsi les régions situées aux extrémités des chromosomes, zones dont l’ADN joue un rôle-clef dans le maintien de la stabilité de ces derniers (de la même manière que leurs extrémités préviennent l’effilochage des lacets). Et il est aujourd’hui bien démontré que la réduction de la taille des télomères est un fidèle reflet du vieillissement des cellules, l’annonce programmée de leur mort prochaine.

Mesurer la longueur des télomères fournit un fidèle reflet de l’âge biologique. Et le raccourcissement de ces mêmes télomères est d’autre part associé à différentes affections conduisant souvent à des morts prématurées comme différentes sortes de cancers (de la prostate, du sein, du poumon), des affections cardiovasculaires, des maladies infectieuses ou le diabète de type 2.

Dans cette étude, la longueur des télomères des participants a été mesurée au départ et cinq années plus tard. Et il est apparu que dans le groupe ayant modifié son mode de vie la longueur des télomères avait considérablement augmenté, en moyenne de 10%. A l’inverse, dans l’autre groupe, elle a diminué en moyenne de 3%.

Plus éclairant encore, les auteurs de cette recherche observent un effet «dose-réponse»: plus les modifications comportementales étaient importantes et suivies et plus les allongements télomériques étaient grands.

Les chercheurs ne cherchaient pas à étudier les effets des changements comportementaux sur l’évolution naturelle des lésions cancéreuses prostatiques des participants – une essai préalable avait déjà montré que ces changements étaient de nature à freiner cette évolution dès lors que la lésion en est à un stade précoce de son développement.

«Les implications de cette étude pilote de petite taille peuvent aller bien au-delà des hommes ayant un cancer de la prostate, souligne le Pr Ornisch. Si elle est validée par des essais contrôlés randomisés de grande envergure, ces modifications dans le style de vie seront de nature à réduire le risque de mortalité prématurée dans un grand nombre de maladies.» Pour le Pr Ornisch, les gènes et les télomères des chromosomes constituent une prédisposition. Ils ne doivent en aucun cas être nécessairement considérés comme une fatalité.

Ces travaux s’inscrivent dans le grand mouvement de l’épigénétique qui découvre que loin d’être fixé une fois pour toutes sous forme d’ADN, notre «patrimoine héréditaire» peut être modifié par des éléments de l’environnement ainsi que par notre histoire personnelle. C’est là, d’un certain point de vue, une forme de liberté retrouvée, une possibilité offerte à chacun de reprendre, pour partie, son destin en main.

J.-Y.N.

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