Au Kenya, l’alcoolisme gagne du terrain

En janvier, Slate Afrique nous alertait au sujet du développement de l’alcoolisme sur le continent, où l’OMS constatait le record mondial d’excès de boisson (25% des consommateurs d’alcool africains sont des «binge drinkers»). Time Magazine fait le point sur le phénomène, en se focalisant sur la situation du Kenya. Ses conclusions sont loin d’être rassurantes.

En 2010, le politicien John Mututho, récemment médiatisé pour son opposition à l’usage des OGM au Kenya, avait réussi à faire passer les premières mesures législatives encadrant la consommation d’alcool sur le continent. Mais le rapport des Kenyans à l’alcool reste très alarmant.

La corruption est telle que les lois sur l’alcool apparaissent plus comme une source de revenus supplémentaires pour les policiers que comme une mesure de santé publique.

Multinationales et contrebandiers se disputent le marché. Dans des pays majoritairement peuplés de jeunes, dont une bonne partie risque de se retrouver au chômage, le risque d’alcoolisme est décuplé. Le combat des entreprises légales pour leur faire consommer leurs produits, plutôt que ceux disponibles sur le marché noir, ne résoudra pas ce problème, se contentant de le déplacer.

Bill Sinkele, un ancien alcoolique originaire des Etats-Unis, a travaillé pendant des années auprès des populations marginalisées du Kenya (prostituées, enfants des rues, etc.). Depuis 2005, il dirige une association visant à promouvoir un mode de vie sain dans le pays.

Dans un rapport qu’il vient de rédiger pour l’OMS, il s’inquiète de voir un bon nombre de mineurs capables de déterminer leur marque d’alcool favorite avant même d’avoir l’âge légal pour en consommer. Il exprime son désarroi face aux déductions de taxes dont bénéficie les alcooliers, et fustige les campagnes publicitaires visant les jeunes filles. Ce spot ventant les mérites de Snapp, une boisson alcoolisées au goût de pomme, en offre un bon exemple:

En juin, le président Uhuru Kenyatta a affirmé lors d’un congrès sur le sujet que le pays était entré dans une situation critique, à laquelle il fallait répondre par des réformes législatives. Mais de nombreux participants ont souligné que de telles mesures n’auraient aucune utilité dans la mesure où la police, qui serait chargée de les faire appliquer, est particulièrement touchée par l’alcoolisme. 

Une situation très préoccupante, à rapprocher, dans une certaine mesure, de celle observée en Polynésie, que Jean-Yves Nau décrivait en juillet sur Slate.

À lire aussi sur Slate.fr

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A votre santé! – Slate.fr

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