Le dad bod expliqué par la science

Existe-t-il un moyen de le dire sans froisser personne?
Les hommes, lorsqu’ils deviennent pères, prennent du ventre. C’est un état de fait que nous connaissons déjà depuis un petit moment, mais aujourd’hui, la première étude menée sur un échantillon représentatif d’hommes de tous les États-Unis le confirme. Dans une étude publiée dans l’American Journal of Men’s Health, des chercheurs de la Northwestern University on surveillé durant plusieurs années l’indice de masse corporelle de 10.623 hommes, ayant des enfants ou non. Les hommes types de 1,80 m ont pris en moyenne 2 kg dans l’année qui a suivi la naissance de leur enfant, tandis que les jeunes pères qui ne vivaient pas avec leur enfant n’ont pris que 1,5 kg environ. En revanche, les hommes types sans enfant ont perdu en moyenne 600 g durant la même période. Merci, la science, de nous avoir enfin expliqué le dad bod!
Pour ce faire, les chercheurs n’ont questionné aucun homme, mais dans le communiqué de presse relayant l’étude, ils ont lancé des suggestions non scientifiques concernant les raisons de cette prise de poids. Les hommes étaient si occupés par leur bébé qu’ils n’avaient plus de temps pour eux-mêmes. Peut-être que les pères travaillant de nuit se réveillaient avec une envie folle de Doritos (le principal chercheur, Craig Garfield, a admis que sa plus grande faiblesse était de piocher des morceaux de pizza au fromage dans les assiettes de ses enfants). Peut-être les papas sont-ils trop fatigués pour porter autre chose qu’un pantalon de jogging, ce qui n’incite pas à faire d’efforts. Peut-être pouvons-nous facilement comprendre que les énormes besoins d’un petit être sont tout simplement incompatibles avec la poursuite d’une activité physique régulière.

Les chercheurs ont présenté leur étude comme une occasion de réfléchir sur les hommes et le surpoids. Les hommes parlent souvent de la naissance de leurs enfants comme d’une chance de s’améliorer: ce serait une période durant laquelle ils arrêteraient de fumer ou feraient plus de sport. En réalité, leur IMC augmente d’environ 2%. Les nouveaux pères se rendant régulièrement chez le médecin, avec leur bébé tout au moins, les chercheurs suggèrent que les pédiatres pourraient peut-être leur parler de leur propre santé et mentionner la possibilité qu’ils puissent prendre du poids.

La question de la grossesse n’est pas réservée aux femmes

Le plus intéressant, toutefois, est ce qui sous-tend cette étude sociologique. Pourquoi, tout à coup, sommes-nous si intéressés par la façon dont la paternité transforme les hommes? Nous avons récemment appris qu’après la naissance de leurs enfants, les hommes, à l’instar des femmes, connaissent des bouleversements hormonaux. Leur taux de testostérone, hormone que l’on relie à l’agressivité et à la libido, chute, tandis que leur taux de prolactine, que l’on associe souvent à l’attention aux autres, augmente. Nous avons découvert que les hommes avec enfants gagnent en moyenne plus d’argent et qu’ils sont moins déprimés. Nous avons également appris, d’un ensemble d’études corollaires, comment le mariage transforme les hommes: ils deviennent de meilleurs employés, plus riches, plus heureux et en meilleure santé. S’ils font une attaque cardiaque, ils arrivent à l’hôpital en moyenne une demi-heure plus vite et, en général, ils ont moins de risques d’en mourir. Ils déclarent même avoir une plus grande satisfaction sexuelle (et vlan, dans les dents des célibataires).
Dans un sens, les féministes devraient accueillir cette nouvelle étude à bras ouverts. On a trop longtemps considéré que le mariage et l’accouchement étaient des événements primordiaux principalement pour les femmes. L’homme se rend à l’autel, puis à la maternité, et s’en va ensuite généralement retrouver sa véritable identité au travail. Cette nouvelle étude prouve qu’il en va autrement, que la biologie prépare également le corps des hommes à la paternité (une enquête a montré que les hommes prennent en moyenne 4,5 kg durant la grossesse de leur compagne). Elle montre aussi que les hommes sont en réalité ceux qui ont le plus besoin du couple. Qu’ils se sentent perdus s’ils sont seuls. Qu’ils pédalent dans la choucroute.

Néanmoins, c’est là que la question devient épineuse d’un point de vue «politique», car il semble que ce soient les pro-mariages qui accueillent le plus favorablement cette étude. Pour Slate, par exemple, le chercheur Brad Wilcox a expliqué que ce sont les hommes qui vivent avec leurs enfants qui profitent le mieux de leur paternité et de leur famille. La nouvelle étude sur l’IMC reprend cette distinction, en précisant que si les pères vivant avec leurs enfants ont pris plus de poids, ils ont aussi tendance à être plus riches et mieux éduqués.
Le message subtilement adressé aux hommes est qu’ils s’en sortent beaucoup mieux lorsqu’ils sont mariés et qu’ils vivent avec leurs enfants. Prouver cette affirmation avec des chiffres devenait quelque peu urgent, car les hommes sont de moins en moins nombreux à vivre de la sorte: 20% des pères suivis par l’étude ne vivaient pas en compagnie de leur enfant au moment de sa naissance. Par contre, le message subtil adressé aux femmes est qu’il est de leur devoir de civiliser les hommes, afin qu’ils restent en bonne santé, productifs… et qu’ils arrivent à temps à l’hôpital en cas d’attaque cardiaque. Combien de temps va-t-il falloir attendre pour que les magazines spécialisés dans la parentalité commencent à publier des articles proposant cinq conseils pour que Monsieur reste svelte après la naissance de bébé?

Hanna Rosin

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