Le cancer toucherait plus les femmes de grande taille

En matière de cancer, la statistique reste encore souvent l’ultime recours. Faute de comprendre les mécanismes profonds de cette maladie, les épidémiologistes tentent de discerner des corrélations entre certains facteurs et la survenue de certains cancers. En matière de comportement et de mode de vie, cette démarche peut conduire à proscrire… beaucoup.

Mais voici qu’un nouveau trait serait discriminant: la taille des femmes ménopausées.

Une cohorte de plus de 20.000 femmes a été analysée par Geoffrey Kabat, épidémiologiste au département d’épidémiologie et de santé à l’école de médecine Albert Einstein de l’université Yeshiva de New York. L’incidence de 19 cancers, dont ceux du sein, du colon, de l’endomètre, du rein, des ovaires, du rectum et de la thyroïde tout comme du myélome multiple et des mélanomes apparaît liée à la taille, même après les ajustements avec les facteurs connus pour influencer la survenue de tels cancers, tels que l’âge, le poids, l’éducation, la consommation de tabac et d’alcool et les thérapies hormonales (THS), selon l’étude publiée par la revue Cancer Epidemiology .

«Nous avons été très surpris par l’association entre le nombre de cancers et la taille, note-t-il. Dans les données, les cancers sont plus liés à la taille qu’à l’indice de masse corporelle. In fine, le cancer résultant de processus ayant à voir avec la croissance, il semble cohérent que les hormones ou d’autres facteurs de croissance qui influencent la taille agissent aussi sur le risque de cancer.» 

L’équipe de Geoffrey Kabat a étudié les données fournies par la Women’s Health Initiative (WHI) qui a recruté des femmes âgées de 50 à 79 ans entre 1993 et 1998 et leur a posé des questions sur leur activité physique tandis que leur taille et leur poids étaient mesurés. Sur un total de 144.701 femmes, 20.928 ont été victimes d’un cancer dans les 12 années qui ont suivi.

Pour une différence de taille de 10 cm, il est apparu une augmentation générale de 13% du risque d’avoir un cancer. Plus précisément, cette augmentation se situe entre 13% et 17% pour le mélanome et le cancer du sein, des ovaires, de l’endomètre et du colon. Il atteint de 23% à 29% pour les cancers du rein, du rectum, de la thyroïde et du sang. Aucune association négative avec la taille n’a été relevée pour les 19 cancers étudiés.

En conclusion, Geoffrey Kabat note que, contrairement à de nombreux facteurs de risque (mode de vie, alimentation…), la taille n’est pas modifiable. Quoique. Le chercheur estime que le résultat de son étude s’inscrit dans ceux qui lient le cancer à des expositions, comme la nutrition, pendant les premières années de leur vie.

Qu’en déduire? Faut-il moins alimenter les petites filles pour qu’elles grandissent moins et qu’ainsi, après leur ménopause, leur risque de cancer soit réduit?

Ce type d’étude souligne surtout la nécessité de comprendre les mécanismes profonds du cancer. Sinon, on pourra un jour reprocher à certains parents d’avoir laissé leurs filles… trop grandir.

M.A.

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